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Lors des essais cliniques, les patients ne savent généralement pas s’ils prennent un vrai médicament ou un placebo. Or, s'ils sont bien conditionnés, les patients semblent soulagés par un placebo tout en sachant qu'il ne contient aucun principe actif. © Victor, Flickr, CC by 2.0
Imaginez un médicament que vous savez inutile et qui fonctionne quand même, n'est-ce pas déroutant ? Pourtant, un tel effet a bien été mis en évidence dans une expérience réalisée à l'université de Colorado Boulder, aux États-Unis, qui permet de mieux comprendre certains aspects de l'effet placeboplacebo.
Dans un article paru dans The Journal of Pain, les scientifiques décrivent l'expérience qu'ils ont menée sur 40 volontaires. Les chercheurs leur ont expliqué qu'ils participaient à une étude comparant les effets d'une crème contenant un composant analgésique (en réalité c'était un placebo) et d'une crème sans ingrédient analgésique (contrôle). Les deux crèmes étaient identiques, la seule différence était l'ajout d'un colorant bleu dans la crème placebo. Pour leur faire croire qu'il s'agissait d'un vrai médicament, les chercheurs ont fait lire aux participants la composition du « médicament » ; ils leur ont aussi donné des informations sur les précautions à prendre et les effets secondaires possibles. L'emballage du faux médicament ressemblait à celui d'un vrai médicament.
Lors de l'expérience, les scientifiques ont provoqué une douleur par la chaleurchaleur sur l'avant-bras des participants, sans brûler la peau. Cette douleur devait être soulagée par la crème fournie. Chez 20 participants, l'expérience a été renouvelée sur quatre sessions, sur quatre jours différents au cours desquels les participants ne savaient pas qu'ils utilisaient un placebo. Les chercheurs ont comparé les effets de ce conditionnement long de quatre jours à un conditionnement court d'un jour. Ensuite, lors de la phase de test, les scientifiques ont révélé aux volontaires qu'en réalité ils prenaient un placebo.
Après une chirurgie, des patients peuvent devenir dépendants à des médicaments antidouleur. L'effet placebo pourrait servir à les sevrer. © epSos.de, Flickr, CC by 2.0
Un effet placebo lié au conditionnement du patient
Résultat : l'analgésie due au placebo persistait même quand les sujets savaient qu'ils recevaient un placebo, mais seulement dans le groupe qui avait été conditionné pendant quatre jours. La clé de la réussite est donc que les patients doivent avoir suffisamment de temps (ici quatre sessions) pour être conditionnés au fonctionnement du placebo. Ensuite, même après que les chercheurs leur ont révélé qu'ils prenaient en fait un placebo, leur douleur était toujours soulagée. Ces résultats suggèrent qu'il existe un effet placebo basé sur le conditionnement, plus que sur l'attente du patient d'être soulagé. Cela montre l'importance de l'expérience vécue par le patient.
L'explication, pour TorTor Wager, un des auteurs de l'étude, est que le conditionnement permet au cerveau d'apprendre de répondre au traitement, puis : « Une fois que l'apprentissage a eu lieu, votre cerveau répond toujours au placebo même si vous n'y croyez plus ». Le principal auteur, Scott Schafer, ajoute que « les placebos induisent la libération de substances qui soulagent la douleur dans le cerveau, mais nous ne savons pas encore si cet effet placebo dépendant des attentes utilise le même système ou des systèmes différents ».
Ces résultats pourraient trouver des applicationsapplications pour le traitement et la préventionprévention des addictions aux médicaments. En effet, des patients qui ont subi une opération continuent parfois de prendre des antidouleurs puissants et pouvant entraîner une dépendance. Si un patient a fait l'expérience qu'un médicament fonctionne, il serait possible de le sevrer en utilisant un effet placebo.