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Les particules générées par les moteurs diesel gênent la fonction de détoxification du foie. © Luc, Flickr, CC by-nc 2.0
Gare au diesel ! Ses particules finesparticules fines sont non seulement toxiques pour les poumons mais elles sont aussi capables de traverser la barrière pulmonaire et de s'attaquer à d'autres organes. Il avait en effet déjà été montré que ces particules modifient la fonction de certaines enzymesenzymes hépatiques. Une nouvelle étude montre cette fois qu'elles peuvent également altérer la fonction de détoxification du foie, c'est-à-dire sa capacité à trier et éliminer les déchets toxiquesdéchets toxiques pour l'organisme.
Les chercheurs à l'origine de cette découverte (unité Inserm 1085, institut de recherche en Santé, environnement et travail, à RennesRennes) ont travaillé in vitroin vitro, sur des cellules de foie (hépatocytes) en culture. Ils les ont exposées à un extrait de particules issues de la combustioncombustion d'un moteur dieselmoteur diesel (DEP, Diesel exhaust particles) à des doses équivalentes à celles inhalées par un individu vivant dans un milieu pollué. Les chercheurs ont ensuite mesuré le niveau d'expression et l'activité de plusieurs transporteurs présents à la surface des cellules. Leurs résultats paraissent dans la revue Plos One.
Ces transporteurs hépatiques assurent le passage de moléculesmolécules circulant dans le sang vers l'intérieur du foie. La bile conduit ensuite à l'élimination de ces substances. L'ensemble du système permet à l'organisme de se débarrasser des déchets naturels produits par les cellules, de médicaments ou de drogues. Or, les auteurs ont constaté que les DEP réduisent l'expression de gènes codant pour ces transporteurs et bloquent l'activité de plusieurs d'entre eux. Le phénomène s'observe lorsque les cellules sont exposées à de faibles doses de particules.
Le foie permet d’éliminer les toxiques et les médicaments. © epSos.de, Flickr, CC by 2.0
Les transporteurs MRP2 et OATP inhibés
Les chercheurs ont notamment constaté une forte inhibitioninhibition des transporteurs MRP2 et OATP impliqués dans l'élimination hépatique de nombreux toxiques et médicaments, mais aussi dans celle d'hormoneshormones stéroïdesstéroïdes sexuelles et d'hormones thyroïdiennes. Le blocage de l'activité des transporteurs de type MRP pourrait également perturber les circuits de régulation du glutathion, une molécule antioxydante endogèneendogène importante.
À ce stade, même s'il s'agit de travaux menés in vitro, le spectrespectre des conséquences cliniques envisagées par les auteurs est large : perturbations endocriniennes, perturbation de l'élimination de médicaments et de métabolitesmétabolites endogènes ou encore excès de stress oxydatifstress oxydatif lié à une mauvaise élimination des radicaux libresradicaux libres, pouvant contribuer au développement de maladies chroniques. « Cela aurait notamment pour effet de renforcer les effets cancérogènescancérogènes du diesel favorisés par le stress oxydatif », rappelle OlivierOlivier Fardel, coauteur de ces travaux à l'institut de recherche sur la santé, l'environnement et le travail.
Des hypothèses qui poussent à poursuivre ces travaux : les auteurs souhaitent par exemple regarder du côté des transporteurs présents au niveau des cellules pulmonaires (dont certains sont semblables à ceux retrouvés sur les hépatocytes), en s'intéressant notamment aux transporteurs associés à la cancérogénèse. Ils comptent aussi identifier précisément les molécules chimiques impliquées dans l'inhibition des transporteurs au sein du cocktail de particules utilisé dans le cadre de leurs travaux. Ils veulent enfin étendre leurs études aux interactions potentielles des transporteurs membranaires avec d'autres polluants chimiques.