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Article d'Agnès RouxAgnès Roux publié le 16 novembre 2013
Avec l'amélioration des connaissances et les progrès de la médecine, certaines maladies ont peu à peu disparu de nos vies. La variole par exemple, qui était autrefois un fléau redoutable, est aujourd'hui complètement éradiquée. Cependant, les épidémies de choléra et de polio qui frappent régulièrement certains pays nous rappellent que les maladies oubliées dans le monde occidental ne font pas toujours partie du passé.
Décrite depuis l'Antiquité et rendue tristement célèbre par ses vaguesvagues meurtrières sans pareilles, la peste est la grande maladie des livres d'histoire. Dans l'imaginaire collectif, cette maladie infectieuse est synonyme de fléau. Au Moyen Âge, elle terrifia par sa virulence et sa contagiosité, notamment lors de l'épisode de la peste noire qui extermina entre 30 et 50 % de la population européenne, ce qui correspond à plus de 25 millions d'êtres humains. La dernière pandémie, appelée peste de Chine, a pris naissance à la fin du XIXe siècle en Chine et s'est répandue dans le monde entier tuant plus de 10 millions de personnes.
Représentation d'un médecin de peste portant un masque de protection. © Wikimedia Commons, DP
La peste et ses vagues meurtrières
C'est au cours de cet épisode meurtrier qu'Alexandre Yersin, un jeune médecin d'origine suisse, a isolé le bacille de la peste (appelé ensuite Yersinia pestis), sur des cadavres d'Hommes et de rongeursrongeurs. Véhiculée par des puces de rats et d'autres rongeurs, la bactérie est transmise à l'Homme par les morsuresmorsures d'insectesinsectes infectés. La suite n'est pas rassurante : après une semaine d'incubation, de nombreux symptômessymptômes comme une forte fièvrefièvre, des frissons et des vertiges apparaissent. En l'absence de traitement, la peste bubonique emporte 60 à 70 % des malades. Les formes les plus graves de la maladie, à savoir la peste pulmonairepeste pulmonaire et la peste septicémiquepeste septicémique, sont quant à elles presque systématiquement fatales.
Heureusement, au XXe siècle, la découverte des antibiotiques et les mesures de santé publique ont fait énormément reculer les épidémies. En France, les derniers cas de peste remontent à 1945. Or, la maladie sévit encore dans certains pays pauvres d'Afrique, d'Amérique et d'Asie. Selon l'Institut de veille sanitaireInstitut de veille sanitaire (InVS), près de 40.000 cas de peste auraient été recensés dans plus de 25 pays entre 1989 et 2003. La maladie est donc loin d'avoir disparu. À l'heure actuelle, il existe un vaccinvaccin, mais son utilisation est délicate et entraîne de lourds effets secondaires. Pour ces raisons, il n'est pas encore disponible au public.
L’agent de la peste, Yersinia pestis, observé en microscopie à fluorescence. © hukuzatuna, Flickr, cc by nc nd 2.0
La peste : une maladie loin d’avoir disparu
Dans une étude publiée récemment dans The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, Thomas Butler, chercheur de la RossRoss University School of Medicine située dans les Caraïbes, a rassemblé les données recueillies sur la peste entre 2000 et 2009. Ses résultats démontrent une fois de plus qu'elle est loin d'être une maladie du passé.
La République démocratique du Congo figure au triste premier rang des pays les plus touchés avec 10.581 cas recensés. Selon l'auteur, la guerre civile, les déplacements de populations et les conditions de vie difficiles ont probablement favorisé les contacts entre les rongeurs porteurs de la peste et l'Homme. Avec 7.182 cas, l'île de Madagascar prend la deuxième place de ce classement lugubre, et devance la Zambie qui compte quant à elle 1.309 malades. Au total, 21.725 personnes ont été frappées par la peste et 1.612 en sont mortes au cours des dix années concernées par l'étude. Avec plus de 97 % des cas, l'Afrique est de loin le continent le plus touché par cette maladie infectieuse.
Des recherches sont encore nécessaires
Au cours de cette étude, l'auteur montre également que l'agent de la peste a plus d'un tour dans son sac pour infecter l'être humain. La plupart du temps, ce sont les puces qui transmettent le germegerme infectieux, mais d'autres stratégies semblent exister. Ainsi, en 2007, en Afghanistan, 66 personnes sont tombées malades et 17 sont mortes suite à l'ingestioningestion d'un chameau contaminé. Plus récemment au Kirghizistan, un jeune homme de 15 ans est mort de la peste après avoir mangé une marmotte malade.
Selon l'auteur, l'augmentation des températures, la mondialisation des échanges, l'absence de vaccin et la résistance aux antibiotiques de l'agent de la peste sont autant de facteurs qui contribuent à la diffusiondiffusion de cette maladie. Il paraît donc indispensable de continuer les recherches sur le sujet afin de mieux guérir les malades et peut être un jour d'éradiquer ce mal pernicieux.