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Le ruban symbole de lutte contre l'autisme. © Licence Creative Commons
L'Autism Genome Project (AGPAGP) a rassemblé 120 scientifiques de plus de 60 institutions venant de 11 pays, pour former le premier consortium de ce type. Grâce aux fonds récoltés par Autism Speaks, une organisation fondée en 2005 par les grands-parents d'un enfant autiste, l'AGP a pu mener une étude monumentale et faire des avancées dans la détermination des marqueurs génétiques responsables de l'autisme.
L'autisme est une maladie encore mal comprise, qui regroupe un ensemble de troubles du spectre autistiquetroubles du spectre autistique (TSA). Les symptômes sont très variés mais se caractérisent globalement par un défaut d'interaction du malade avec son environnement social. Alors que chez certains le diagnostic de la maladie est précoce (avant les trois ans), la maladie peut n'être découverte qu'à l'âge adulte pour certains types d'autisme moins handicapants (syndrome d’Apserger par exemple).
Si des travaux de recherche indiquent que l'autisme est au moins en partie héréditaire, les marqueurs génétiques associés à la maladie étaient très peu connus. L'environnement est aussi suspecté de jouer un rôle dans l'apparition de la maladie. Les résultats obtenus par l'AGP et publiés dans le journal Nature, offrent une avancée dans la caractérisation génétique de l'autisme. La maladie serait causée en partie par une variabilité du nombre de copies de petits fragments d'ADN (ou VNCVNC), rarement retrouvée. L'étude a également permis d'identifier de nouveaux gènes et voies biologiques impliquées dans la maladie.
Le génome est constitué d'ADN, une molécule complexe et propre à chaque individu. Crédits DR
2.300 génomes analysés
L'étude a porté sur l'analyse poussée du génomegénome de 996 personnes atteintes de TSA et de 1287 personnes saines, toutes ayant des origines européennes, afin de travailler sur un fond génétique commun. Les chercheurs avaient pour objectif de mettre en évidence le polymorphisme (différences du génome au sein d'une population) entre le groupe sain et le groupe malade.
Cette étude a d'abord permis de constater une augmentation globale du nombre de VNC rares chez les enfants atteints d'autisme. Ainsi, ces personnes ont des duplications ou des délétionsdélétions de fragments d'ADN qui ne sont que très rarement retrouvées dans la population. L'analyse du génome des parents révèle aussi que si certains de ces VNC rares sont héréditaires, d'autres sont apparus spontanément dans le génome de l'enfant. Le rôle de chacun de ces VNC rares n'a pas été analysé individuellement, mais ces travaux montrent néanmoins l'importance de leur multiplicité dans la pathologiepathologie.
De nouveaux gènes impliqués dans l'autisme ont également pu être identifiés par cette étude. Ainsi, les trois gènes SHANK2, SYNGAP1 et DLGAP2 codent pour des protéinesprotéines retrouvées dans les synapsessynapses (connexion inter-neuroneinter-neurone), et qui sont donc importantes pour la transmission des informations nerveuses. Un gène porté par le chromosomechromosome X a également été identifié (DDX53-PTCHD1), ce qui pourrait expliquer le plus grand nombre de garçons atteints d'autisme par rapport aux filles.
Ces résultats indiquent que l'autisme n'est pas le résultat d'un simple désordre génétique, mais qu'il est une combinaison complexe de différentes mutations. Ces recherches pourraient toutefois permettre d'accélérer le diagnostic de la maladie, et à terme d'en améliorer la prise en charge pour des familles parfois en difficulté.