En analysant de nombreux échantillons sanguins, des chercheurs états-uniens ont identifié un nouveau biomarqueur du diabète. Il s’agit d’une molécule qui, produite très tôt, pourrait aider au dépistage précoce de la maladie. Son rôle est encore mystérieux, mais elle devrait ouvrir la voie à des pistes de traitement sérieuses.

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    Avec plus de 347 millions de personnes touchées, le diabète représente aujourd'hui la septième pathologie la plus mortelle au monde. Son incidence grandissante menace d'autant plus qu'un grand nombre de diabétiques ignorerait leur état : rien qu'en France, l'Association française des diabétiques (AFD) estime que 700.000 personnes sont malades sans le savoir.

    Les principales causes du diabète de type 2, qui représente 90 % des diabètes, sont le surpoids, l'obésité et la sédentarité. Cette maladie se caractérise par un excès de sucresucre dans le sang, dû à un défaut dans le contrôle de la glycémieglycémie. À long terme, ces hyperglycémies peuvent altérer les nerfsnerfs et les vaisseaux sanguins et provoquer des accidentsaccidents cardiovasculaires. Bien que différents traitements existent, le diabète ne se guérit pas : quand on est atteint, on le reste toute sa vie.

    Les personnes diabétiques doivent mesurer leur glycémie et s'injecter quotidiennement une dose adéquate d'insuline. © Mr Hyde, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Les personnes diabétiques doivent mesurer leur glycémie et s'injecter quotidiennement une dose adéquate d'insuline. © Mr Hyde, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Pour vaincre une maladie, il est préférable de la déceler le plus rapidement possible. En ce qui concerne le diabète, la tâche est ardue car il n'existe pas de test de dépistagedépistage fiable. Les risques sont évalués en fonction du mode de vie, des antécédents familiaux, de la morphologiemorphologie et du taux de glycémie à jeun. Une équipe du Massachusetts General Hospital à Boston vient de faire une découverte qui pourrait révolutionner le dépistage du diabète. Ses travaux, publiés dans la revue The Journal Of Clinical Investigation, ont conduit à la découverte d'une moléculemolécule présente dans le sang qui pourrait servir d'indicateur du diabète, dix ans avant que la maladie ne se déclenche !

    Détecter le diabète avec dix ans d’avance

    Les scientifiques ont récupéré des échantillons sanguins vieux de 12 ans, appartenant à 376 personnes dont la moitié est ensuite devenue diabétique. Grâce à des technologies de chromatographiechromatographie et de spectrométrie de masse, ils ont pu analyser la composition de ces prélèvements et ont découvert qu'une petite molécule, l'acideacide alpha-aminoadipique (2-AAA), était plus abondante chez les futurs diabétiques. La présence de ce biomarqueur est indépendante de celle d'autres facteurs connus pour favoriser le diabète, comme l'obésitéobésité, la glycémie et l’inactivité physique. En compilant leurs informations, les auteurs estiment que les individus présentant un niveau élevé de 2-AAA ont un risque quatre fois plus important de déclencher un diabète de type 2.

    Pourquoi les diabétiques ont-ils un taux élevé de 2-AAA dans leur sang bien avant que la maladie ne se développe ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont injecté du 2-AAA à des souris bénéficiant d'une nourriture équilibrée ou riche en graisses. Ils ont ensuite analysé des échantillons de leur sang : ils ont constaté une baisse de la glycémie chez les rongeursrongeurs, quel que soit leur régime alimentaire. En d'autres termes, le 2-AAA semble participer au métabolismemétabolisme du glucoseglucose chez la souris.

    Un rôle clé dans le contrôle de la glycémie

    Pour confirmer ces résultats, les scientifiques ont analysé en détail l'effet de l'acide alpha-aminoadipique sur des cellules pancréatiques de souris et d'Homme. Ces cellules sont essentielles au contrôle de la glycémie car elles fabriquent l'insuline, l'hormonehormone qui permet au glucose du sang de pénétrer dans les différents organes. Leurs résultats ne les ont pas déçus : que ce soit chez l'Homme ou chez la souris, le 2-AAA participe à la glycémie en améliorant la production d'insulineinsuline par les cellules pancréatiques.

    Ainsi, le 2-AAA influencerait le fonctionnement du pancréaspancréas et contrôlerait l'hyperglycémie. Chez les personnes en passe de devenir diabétiques, cette molécule serait produite très tôt pour résister au développement de la maladie, avant même que l'on ne puisse observer ses effets néfastes sur la santé. Elle pourrait donc servir de biomarqueur efficace pour le dépistage précoce du diabète.

    Bien que de nombreuses expériences restent à faire, cette étude ouvre une piste vers l'élaboration d'un traitement contre le diabète. Les chercheurs souhaitent maintenant étudier le mécanisme par lequel le 2-AAA régule la fonction des cellules pancréatiques, et analyser l'effet de cette molécule chez l'Homme.