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La méditation peut s'inscrire dans une démarche spirituelle, mais elle gagne aussi de plus en plus d'intérêt dans le domaine de la santé et notamment dans le cadre de la gestion de la douleur. Pour savoir si la méditation de pleine conscience peut jouer le même rôle qu'un placeboplacebo, des chercheurs ont utilisé deux approches : l'auto-évaluation de la douleur et l'imagerie médicale.
Cette recherche à paraître dans Journal of Neurology a été réalisée par le Wake Forest Baptist Medical Center. 75 personnes en bonne santé y ont participé. La douleur étudiée a été provoquée par une sonde thermique qui chauffait une petite zone de la peau à 49 °C, une température généralement considérée comme douloureuse. Les participants ont noté l'intensité de la douleur (la sensation physiquephysique) et l'aspect déplaisant de cette douleur (la réponse émotionnelle). Les cerveaux des participants ont été soumis à une IRM avec un marquage de spinspin artériel.
Puis les participants ont été répartis en quatre groupes qui ont subi différentes interventions pendant quatre jours. Un premier groupe a testé l'effet d'une crème placebo, présentée comme analgésique. Pendant quatre jours, les participants devaient en étaler sur leur jambe et tester la sonde chaude. Un autre groupe a fait une fausse expérience de méditation, ou « méditation placebo » : ils devaient respirer profondément pendant 20 minutes, mais sans être incités à faire cet exercice en pleine conscience. Un groupe témoin devait écouter un enregistrement d'un livre très ennuyeux pendant 20 minutes. Enfin, un groupe devait méditer en pleine conscience : ils devaient rester assis pendant 20 minutes, fermer leurs yeuxyeux et écouter des instructions pour concentrer leur attention sur leurs sensations.
La méditation de pleine conscience consiste, entre autres, à se concentrer sur ses sensations présentes. © Take Back Your Health Conference, Flickr, CC by 2.0
Le scanner montre que la méditation agit différemment du placebo
Après ces interventions, les participants ont à nouveau passé une IRM avec une expérience douloureuse et devaient utiliser leur entraînement (respiration profonde, méditation de pleine conscience...). Il y a eu une diminution de la douleur dans tous les groupes, mais le groupe de méditation de pleine conscience a eu la plus forte diminution : -27 % pour l'intensité de la douleur et -44 % pour l'aspect émotionnel de la douleur. Par comparaison, la crème placebo a réduit la sensation de douleur de 11 % et l'aspect émotionnel de la douleur de 13 %. Le groupe qui a suivi une méditation placebo avait une faible réduction de l'intensité de la douleur (9 %) et de son caractère désagréable (24 %) : la méditation placebo pourrait réduire la douleur simplement par l'effet relaxant lié à une respiration plus lente.
De plus, la méditation de pleine conscience a réduit la douleur en activant des régions du cerveau associées avec le contrôle de la douleur : le cortex orbitofrontal et cingulaire antérieur. En revanche, la crème placebo réduisait la douleur en limitant l'activité cérébrale dans d'autres aires liées à la douleur (le cortex somatosensoriel secondaire). Cela signifie que la méditation de pleine conscience n'induisait pas la même activité cérébrale que la crème placebo.
De même, une autre région du cerveau, le thalamusthalamus, a été désactivée pendant la méditation de pleine conscience mais était activée dans les autres conditions. Or cette région du cerveau sert de « porteporte d'entrée » aux informations sensorielles, avant d'atteindre les centres cérébraux supérieurs. En désactivant cette aire, la méditation de pleine conscience pourrait donc avoir induit une « disparition » des signaux de douleur dans le cerveau.
Ceci suggère que la méditation de pleine conscience pourrait améliorer le traitement de la douleur. Cependant ces résultats obtenus sur des volontaires en bonne santé ne peuvent pas être extrapolés, pour l'instant, à des patients souffrant de douleur chronique.