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L'athérosclérose, maladie provoquant l'obstruction des artères coronaires par dépôt et durcissement de graisse, affecte l'humanité depuis plus de 4.000 ans. C'est la conclusion de travaux réalisés par une équipe internationale de chercheurs qui ont passé au scanner 137 momies, dont 76 en provenance d'Égypte, 51 du Pérou et 10 du sud-ouest des États-Unis et des îles Aléoutiennes en Alaska. Cette étude a été publiée dans la revue britannique The Lancet.
Un tiers de ces momies présentent des signes « certains ou probables » d'athérosclérose, et les plus âgées sont plus fortement touchées par cette pathologie, responsable de crises cardiaques et d'accidents cérébraux. « Il est surprenant de voir que l'athérosclérose est aussi fréquente dans ces anciennes cultures à travers le globe sur une période de temps aussi étendue, parmi des personnes très différentes génétiquement et avec des modes de vie et des régimes alimentaires aussi variés », remarque le professeur Randall Thompson, de l'institut du Cœur de Kansas City (Missouri), principal auteur de l'étude.
Athérosclérose chez les momies, en Afrique comme en Amérique
« L'athérosclérose, attribuée au mode de vie et au régime alimentaire de la vie moderne, serait en fait liée au vieillissement. Ou alors, peut-être que nous ne comprenons pas les facteurs de risque aussi bien que nous le pensons, tels la sédentarité, le tabac et des nourritures riches en cholestérol », ajoute-t-il.
L'athérosclérose est la première maladie cardiovasculaire au monde. Elle touche les vaisseaux sanguins et conduit à la formation de dépôts anormaux appelés athéromes. C'est Albrecht Von Haller qui a inventé ce terme en 1855 en faisant référence au pus (athéré en grec) qui semblait remplir ces abcès. L'athérosclérose peut toucher les artères de différents organes, et notamment les artères coronaires. © bmsfrance.fr
Une recherche précédente menée par le docteur Thompson, publiée en 2011, avait révélé que de nombreuses momies égyptiennes montraient des signes d'athérosclérose. Mais ces chercheurs s'étaient demandé si cela n'était pas lié au fait que l'élite dans l'Égypte ancienne avait une alimentation riche en graisses. Ils ont alors décidé d'étendre leur recherche à d'autres cultures et époques. Outre des momies égyptiennes vieilles de 4.000 ans, ils ont examiné des corps momifiés de cultivateurs de maïsmaïs péruviens dont l'âge varie de 2.600 à 600 ans, ainsi que d'agriculteurs amérindiens du plateau du Colorado et de chasseurs unangan des îles Aléoutiennes ayant vécu entre 1750 et 1900.
Ces scientifiques ont découvert des signes d'athérosclérose chez 39 % des momies égyptiennes, 26 % des péruviennes, 40 % des amérindiennes du Colorado et 60 % des unangans. « Il est évident que cette pathologie était fréquente chez les peuples anciens », conclut le docteur Thompson, notant que « nous exagérons peut-être la possibilité de prévenir ou d'inverser les maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires avec seulement un régime alimentaire ».
Des maladies cardiovasculaires inhérentes au vieillissement
« Il ne s'agit pas uniquement d'une maladie liée au mode de vie, mais d'une caractéristique du vieillissement dans toutes les populations humaines », ajoute le docteur Caleb Finch, professeur de gérontologie à l'université de Californie du sud à Los Angeles, un des coauteurs de cette recherche. « Même l'Homme d’Ötzi, mort il y a 5.000 ans et retrouvé bien préservé dans un glacierglacier des Alpes italiennes en 1991, avait les carotides calcifiées », souligne-t-il.
L'âge moyen au moment du décès des momies examinées dans l'étude était de 36 ans. Mais celles qui souffraient d'athérosclérose étaient plus âgées au moment de leur mort, avec un âge moyen de 43 ans. L'espérance de vieespérance de vie moyenne dans les temps anciens était d'environ 40 ans, ce qui conforte l'hypothèse selon laquelle « l'athérosclérose serait bien inhérente au vieillissement », explique le docteur Thompson. Ce qui, d'après lui, « n'empêche pas d'agir sur les facteurs contrôlables comme l'alimentation, le sport, le tabagisme, le cholestérolcholestérol et la tension artérielle. »