Les pilotes qui volent à très haute altitude ont plus de risque de développer des lésions cérébrales que les autres. Une récente étude montre que ces dommages seraient la conséquence d’accidents de décompression lors de missions trop longues.

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    Convoyeurs de fonds, sapeurs-pompiers, reporter de guerre, cosmonautescosmonautes... Certains métiers sont plus risqués que d'autres. Les pilotes de chasse par exemple, qui volent parfois à très haute altitude, mettent régulièrement leur santé à rude épreuve. Certaines missions leur font parcourir de longues distances à des altitudes pouvant atteindre 21.000 mètres, deux fois celle de la croisière des avions de ligne.

    À cette hauteur, les conditions sont très différentes de celles qui règnent près du sol et peuvent avoir un impact dommageable sur l'organisme. Les avions de chasse ou de reconnaissance, comme le Lockheed U-2, qui fut très largement utilisé par les États-Unis pendant la guerre froide, n'offrent pas une protection maximale contre les variations de pressionpression. Ces engins ne disposent en effet que d'un cockpit partiellement pressurisé, et soumettent leurs occupants à une pression atmosphérique faible avoisinant celle régnant au sommet du mont Everest, à 8.848 mètres.

    Les plongeurs sous-marins s'exposent à des pressions supérieures à celle de la pression atmosphérique. Pour éviter l'accident de décompression, ils doivent remonter lentement à la surface et respecter des paliers de décompression pendant lesquels l'azote peut être évacué de l'organisme sans danger. © arno gourdol, cc by nc nd 2.0

    Les plongeurs sous-marins s'exposent à des pressions supérieures à celle de la pression atmosphérique. Pour éviter l'accident de décompression, ils doivent remonter lentement à la surface et respecter des paliers de décompression pendant lesquels l'azote peut être évacué de l'organisme sans danger. © arno gourdol, cc by nc nd 2.0

    Lorsque les missions à haute altitude sont trop longues, l'azoteazote peut être relâché dans les tissus et créer des bulles dans les vaisseaux sanguins. Ce phénomène, connu sous le nom d'accident de décompression, peut induire des interruptions locales de la circulation sanguine, potentiellement fatales. « Les accidents de décompression ont triplé depuis 2006 chez les pilotes de l'US AirAir Force, explique Stephen McGuire, chercheur à l'université du Texas. Cela est probablement dû à une augmentation de la fréquence et de la duréedurée des vols à risque. »

    Lésions cérébrales plus grandes chez les pilotes de chasse

    Son équipe s'est intéressée au sort des pilotes et à l'impact des vols extrêmes sur leur système nerveux. Pour ce faire, ils ont sélectionné 193 candidats, dont 102 pilotes de Lockheed U-2, et ont réalisé des images par résonance magnétique (IRM) de leur cerveau. Ils se sont tout particulièrement intéressés à des zones spécifiques appelées « substances blanches hyperintenses », qui correspondent à des lésions de la substance blanche, le tissu nerveux qui relie les différentes aires de la substance grise active du cerveau. Ces lésions sont associées à une diminution de la mémoire dans certaines maladies neurologiquesmaladies neurologiques. Leurs résultats sont publiés dans la revue Neurology.

    En comparant les images cérébrales obtenues, les scientifiques ont mis en évidence une augmentation du nombre et du volumevolume des lésions de la substance blanche chez les pilotes. Leurs lésions sont en moyenne quatre fois plus importantes et trois fois plus nombreuses. De plus, chez eux, elles sont réparties sur l'ensemble du cerveau, alors qu'elles sont localisées dans la partie frontale chez les autres. Heureusement, les analyses des fonctions cognitives des pilotes n'ont pas mis en évidence des séquellesséquelles cérébrales comme des pertes de mémoire.

    À la suite de cette étude, les médecins militaires ont pris certaines mesures de sécurité. Ainsi, les vols à haute altitude ne doivent pas être trop longs, et la durée entre deux missions doit être d'au moins neuf heures. D'autre part, les pilotes doivent respirer de l'oxygène pur avant d'effectuer un vol, afin de limiter la quantité d'azote dans l'organisme (comme le font les astronautesastronautes avant une sortie en scaphandre dans l'espace). Ces résultats mettent en lumièrelumière l'impact délétère de la décompression sur le cerveau. Ce corps de métier n'est pas le seul à y être exposé. Les alpinistes, et surtout les plongeurs sous-marins, en subissent les effets régulièrement.