au sommaire
Aujourd'hui, la fertilité masculine est malmenée par la pollution et les nombreux produits reprotoxiques de notre environnement. En moyenne, le nombre de spermatozoïdes produits aurait drastiquement chuté depuis 50 ans et, de plus, les spermatozoïdes restants ne seraient pas toujours au top de leur forme. La spermatogenèse, le processus très complexe de formation des spermatozoïdes, serait en cause. En effet, un défaut de formation de ces cellules serait un frein à leur déplacement dans l'utérus vers l'ovule prêt à être fécondé.
Pour qu'il soit mobilemobile et rapide, le spermatozoïde doit être profiléprofilé et le plus léger possible. Il est donc pourvu d'une queue ou flagelle (une sorte de nageoire) qui n'est utile qu'à la mobilité et d'une tête qui doit contenir de l'énergieénergie pour tenir jusqu'à la ligne d'arrivée mais aussi tout le matériel génétiquematériel génétique destiné à se mêler au patrimoine génétique de l'ovule. L'ADN est déjà bien compacté dans les cellules somatiquescellules somatiques, mais dans la tête du spermatozoïde l'empaquetage est encore plus poussé.
Habituellement ce sont les histoneshistones qui compactent l'ADN. Ces protéinesprotéines enroulent l'ADN autour d'elles-mêmes sous forme de nucléosomenucléosome, donnant l'apparence d'un collier de perle. Puis les nucléosomes s'associent entre eux pour former la chromatinechromatine. Au cours de la spermatogenèse, les histones sont remplacées par d'autres protéines plus petites, les protamines, qui permettent de condenser davantage l'ADN. Le remplacement des histones par les protamines est un processus encore peu connu et manifestement complexe. Si ce processus ne se fait pas correctement, le spermatozoïde ne sera pas fonctionnel : c'est l'infertilité masculine.
Le spermatozoïde est beaucoup plus petit que l'ovule qu'il est en train de féconder, notamment grâce à un empaquetage très condensé de l'ADN autour des protamines. Crédits DR
Phosphorylation et acétylation
Des chercheurs du CNRS, de l'Inserm et de l'Université Joseph Fourier à Grenoble ont essayé de comprendre ce processus en comparant la spermatogenèse chez la souris et la sporulationsporulation chez la levurelevure. Ce champignonchampignon unicellulaire produit en effet par méioseméiose des cellules condensées (les spores) qui peuvent résister à des conditions particulières. Le processus étant fonctionnellement proche de la spermatogenèse, le mécanisme moléculaire pourrait-il être identique ?
L'analyse moléculaire de la sporulation chez la levure, publiée dans la revue Genes&Development, a montré que les histones sont la cible de modifications post-traductionnelles suivant un ordre bien précis au cours de la méiose, qui ne sont pas retrouvées lors de la mitosemitose. Ces modifications sont en premier lieu une phosphorylationphosphorylation de l'histone H3 sur l'acide aminéacide aminé thréoninethréonine 11. Puis l'histone H4 subit des acétylationsacétylations sur les acides aminés lysinelysine en positions 5, 8 et 12, qui semblent importantes pour le remplacement des histones par les protamines.
Les chercheurs ont montré que d'un point de vue moléculaire le processus est similaire lors de la spermatogenèse chez la souris : les mêmes modifications post-traductionnelles sont retrouvées sur les histones, dans un ordre chronologique identique. Ces résultats indiquent que le mécanisme a été conservé au cours de l'évolution entre la levure et les mammifèresmammifères, et qu'il est probablement toujours le même chez l'homme. Les futures recherches effectuées chez la levure, un organisme facile à étudier, permettront certainement de mieux comprendre et de traiter les problèmes d'infertilitéinfertilité masculine.