Comme rien n’est jamais tout blanc ou tout noir, la vie en altitude protégerait de certaines maladies cardiaques et de cancers, mais favoriserait à l’inverse certaines maladies pulmonaires. Les résultats de cette étude américaine offrent tout de même des pistes pour développer de nouveaux traitements.
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Vivre en montagne préserverait le cœur, mais pas les poumons... © Muhammad Asim, Stockvault
La vie en altitude serait meilleure pour la santé cardiovasculaire et permettrait de vivre plus longtemps, selon une nouvelle étude parue dans la revue Journal of Epidemiology and Community Health. Ces résultats sont issus de l'analyse des données officielles concernant certains aspects de la santé publique, et de leur corrélation avec les altitudes moyennes des régions géographiques étudiées.
Ainsi, les comtés américains dont l'altitude moyenne est située à plus de 1.500 mètres abritent des personnes dont l'espérance de vie est supérieure de 1,2 à 3,6 ans pour les hommes et de 0,5 à 2,5 ans pour les femmes, à celle des personnes habitant à un niveau proche de la mer. Si cette différence significative s'annule dès que les paramètres sociodémographiques, de tabagisme ou de maladie pulmonaire sont pris en compte, l'altitude joue tout de même un rôle positif dans le développement de certaines maladies.
Moins de maladies cardiaques et de cancers
C'est le cas de l'ischémie myocardique (un manque d'oxygénation du cœur), dont les décès sont moins fréquents (entre 4 et 14 décès pour 10.000) parmi les populations habitant à plus de 1.000 mètres d'altitude. Certains cancers provoquent aussi moins de décès dans les régions montagneuses. Ainsi, l'état du Colorado, le plus haut des États-Unis (son altitude moyenne est située à plus de 2.000 mètres) est aussi l'état où les décès par maladie cardiovasculaire, cancer du côlon et cancer du poumon sont les moins nombreux.
En revanche, les maladies pulmonaires (dont la broncho-pneumopathie chronique obstructivebroncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO) s'aggraveraient avec l'altitude, avec une augmentation de 3 à 4 décès pour 10.000 personnes par rapport à ceux qui vivent au niveau de la mer. Ces surprenants résultats s'expliqueraient par des différences environnementales intrinsèquement liées à l'altitude.
Ils ne manquent pas d’air
Si la constante gravitationnelleconstante gravitationnelle diminue (très faiblement) avec l'altitude, de même que la température (plus fortement), le facteur déclenchant serait la raréfaction de l'oxygène, souvent ressentie par les alpinistes (qui n'hésitent d'ailleurs pas à utiliser des bouteilles d'oxygène passé quelques kilomètres d'altitude). En effet, si la concentration de l'airair en dioxygène demeure constante (environ 21 %), en revanche, la pressionpression de l'air est plus faible en altitude : environ 560 hPa (hectopascals) au sommet du Mont-Blanc et à peu près 320 hPa au sommet de l'Everest, soit respectivement environ la moitié et le tiers de la pression au niveau de la mer (un peu plus de 1.000 hPa). En altitude, la quantité d'oxygène dans un même volumevolume d'air est donc plus faible.
Ces paramètres, en particulier le manque d’oxygène, sont connus pour influencer la physiologie des organismes. On remarque notamment la survenue de malaises liés à l'altitude et la nécessité d'un temps d'adaptation des voyageurs d'autant plus long que l'altitude est élevée. Les peuples d'altitude possèdent ainsi un sang plus riche en globules rougesglobules rouges, afin d'approvisionner plus efficacement les tissus en oxygène.
Des traitements à venir ?
C'est ce manque d'oxygène qui serait bénéfique pour l'organisme, selon les chercheurs de l'école de médecine de l'Université du Colorado, associés au Harvard School of Global Health. « Des niveaux plus bas en oxygène allument certains gènesgènes et nous pensons que ces gènes changent la façon dont les muscles du cœur fonctionnent. Ils pourraient aussi produire de nouveaux vaisseaux sanguins qui créent de nouveaux axes de circulation du sang vers le cœur », suppose Benjamin Honigman, directeur de l'Altitude Medicine Clinic et auteur de l'étude.
Les chercheurs ne perdent pas de vue l'intérêt médical de cette découverte. « Si habiter dans un environnement moins riche en oxygène [...] aide à réduire les risques de décès par maladie cardiaque, cela pourrait nous aider à développer de nouveaux traitements cliniques pour ces maladies », conclut-il.