au sommaire
En 2009, GoogleGoogle a lancé un outil, le Google Flu Trends, qui exploite les volumesvolumes massifs de recherches des internautes pour observer ou même prédire la propagation de la grippe dans le monde, pays par pays. Chaque année, Google repère ainsi les variations de popularité de recherches liées à la grippe (« fièvre », « grippe », « courbatures », etc.), à la fois dans le temps et dans l'espace, pour détecter la montée des recherches de symptômes et suivre leur trajet géographique. Actuellement, 18 pays sont ainsi étudiés.
L'initiative est une prémisse annonciatrice de la volonté de Google de se mettre au centre de la médecine prédictive et personnalisée à travers l'exploitation de ses capacités de traitement du big databig data. Le géant américain a d'ailleurs lancé le même outil pour suivre l'évolution de la dengue, et d'autres suivront probablement dans les mois ou les années à venir. L'intérêt de tels outils pour la santé publique est bien sûr très important, et les enjeux sont colossaux pour Google, qui espère avoir accès à de plus en plus de données de santé, de plus en plus personnelles, pour proposer ses propres services de diagnosticsdiagnostics et de conseils de traitement.
Selon Google, l’outil Google Flu Trends permettrait d’estimer la propagation du virus de la grippe à partir des recherches sur Internet effectuées dans son moteur de recherche. Les chercheurs sont cependant sceptiques et estiment que les données sont surestimées par rapport à l’impact réel de l’épidémie. © Google
Il reste visiblement de grands progrès à faire dans l'analyse statistique. Selon une étude publiée récemment dans la revue Science, les prédictions de pics d'épidémieépidémie réalisées par Google auraient été fausses pour 100 des 108 semaines écoulées depuis 2011. « La raison est simple : presque tout le monde croit que le moindre rhume est une grippe », résument les chercheurs.
Trop de malades imaginaires se croient atteints de la grippe
Google se défend. « Nous avons remarqué une corrélation étroite entre le nombre d'internautes qui recherchent des termes liés à la grippe et le nombre de personnes présentant les symptômes de cette maladie, explique la firme sur son site. Fort heureusement, les internautes qui recherchent le terme "grippe" ne sont pas tous malades, mais une corrélation se dessine lorsque toutes les requêtesrequêtes de recherche sont rassemblées. » Google ajoute que les graphiques sont des « estimations mises en parallèle avec les données de surveillance officielles concernant la grippe » et qu'elles sont « très proches des indicateurs conventionnels de propagation du virusvirus ». Elles auraient aussi l'avantage d'être mises à jour quotidiennement, alors que les données officielles ne le sont souvent qu'une fois par semaine.
Cependant, la recherche de symptômes sur Internet ou la reconnaissance de ces symptômes par un médecin ne valent pas une analyse épidémiologique sérieuse. Aux États-Unis, moins de 10 % des échantillons testés par les centres pour le contrôle et la préventionprévention des maladies (CDCCDC) retournent un résultat positif. Autrement dit, dans plus de neuf cas sur dix, ce que l'on croit être une grippe n'en est pas une.
Les chercheurs en concluent que Google accorde une trop grande importance aux données de recherche des utilisateurs et à leur croisement, et pas assez aux erreurs d'autodiagnostic de ces malades. Ils pensent même que l'outil peut générer un cercle vicieux en faisant croire aux internautes que la grippe est arrivée dans leur région, et en les poussant à se croire malades de la grippe lorsqu'ils ont en réalité une maladie bien plus bénigne.