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En 2006, près de 37.000 décès par cancer étaient imputables à une consommation de tabac. © Lionoche, Flickr CC By Nc-Nd 2.0
La radiothérapie n'ayant pas été efficace, c'était la dernière chance pour ce patient de 36 ans de guérir de son cancer trachéal avancé. Une trachée artificielle recouverte de ses propres cellules souches lui a été greffée, sans qu'aucun traitement immunosuppresseur ne soit nécessaire.
Cette technique révolutionnaire a été réalisée grâce à une collaboration internationale : la trachée artificielle greffée par le professeur Paolo Macciarini a été mise au point par un Anglais, le professeur Alexander Seifalian, et recouverte 48 heures avant l'opération par les cellules souches du patient dans un bioréacteur (un fermenteur pour cultiver les cellules) de l'université américaine de Harvard.
Interviewé par Futura-Sciences, Frédéric Kolb, docteur en chirurgiechirurgie plastiqueplastique, reconstructrice et esthétique à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif, admire la prouesse. « Cette greffegreffe représente une avancée formidable, mais je suis très étonné : on est loin de ce qui est fait actuellement, même en bio-engineering. On sait réaliser un segment de trachée de 1 ou 2 cm à partir de cellules souches mais de là à réaliser toute une trachée de 12 cm... C'est fantastique. L'équipe qui l'a réalisée est en avance de 30 ans. »
La greffe a été réalisée avec une trachée artificielle recouverte par les cellules souches du patient pour empêcher le rejet du greffon. © BestinPlastics, Flikr CC by Nc-Nd 2.0
Un exemple parfait de bio-engineering
L'avancée est en effet de taille. « Actuellement, deux types de greffes sont effectués : l'allotransplantation, ou chimérisme, qui consiste à faire accepter le greffongreffon du donneur comme un greffon du receveur et qui permet d'arrêter le traitement antirejet au bout de quelques mois, et la technique du bio-engineering, qui implique la reconstitution d'un organe à partir de cellules souches, explique le docteur Kolb. Cette greffe d'une trachée artificielle est l'exemple le plus parfait de bio-engineering : c'est une technique plus simple que les transplantationstransplantations traditionnelles et qui entraîne beaucoup moins de séquellesséquelles pour le patient. » En effet, les techniques actuelles de greffe impliquent que le patient soit sous traitement immunosuppresseur, pour éviter les rejets du greffon issu d'un donneur. En utilisant les propres cellules du patient (le receveur), on supprime les problèmes d'incompatibilités et donc les risques de rejet.
Frédéric Kolb a été le premier au monde, avec le professeur Philippe Dartevelle, chirurgien au centre Marie-Lannelongue, à avoir implanté une trachée reconstituée à partir des propres tissus de sept patients : ils ont utilisé des morceaux de cartilagecartilage prélevés sur les côtes des patients pour constituer une trachée, tapissée d'un épithéliumépithélium issu de la peau des patients. Le problème reste à réaliser un épithélium cilié, comme l'est l'épithélium physiologique, pour que l'appareil respiratoireappareil respiratoire protège l'organisme des infections. Suite à l'annonce de l'opération, le chirurgien reste toutefois sceptique : « reste à savoir quel type de cellules souches ont été utilisées et en quel type cellulaire ont-elles été différenciées ? ».
La confirmation de cette technique pourrait offrir d'intéressantes perspectives pour le traitement du cancer de la trachée, qui en 2006, avec le cancer du larynx, des bronches et du poumonpoumon, a été responsable de 29.800 décès en France d'après l'Institut national du cancer. Près de 37.000 décès étaient imputables à une consommation de tabac.