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Devant la petite frimousse d'un bébé, il est souvent difficile de se retenir. Sourire gaga, voix douce, « arheu arheu » : le « parler bébé » nous tombe dessus sans crier gare... alors même que ce langage nous énerve lorsqu'il sort de la bouche d'autrui.
Pourquoi devenons-nous mièvres à la vue des belles joues roses des tout-petits ? Des chercheurs de l'université de Montréal se sont penchés sur cette question. Selon eux, ce phénomène serait lié à l'odeur dégagée par les bébés. En humant ce parfum caractéristique, les femmes ressentiraient un sentiment de bien-être qui contribuerait à la naissance de l'instinct maternel. Ces résultats sont publiés dans la revue Frontiers in Psychology.
Pour le moment, les chercheurs n'ont pas testé l'effet de l'odeur des bébés sur le cerveau des hommes. Il est possible qu'elle ait également un rôle dans l’établissement du lien entre un père et son enfant. © christopherallisonphotography.com, Flickr, cc by nc nd 2.0
Pour cette expérience, les chercheurs ont sélectionné deux groupes de 15 personnes : un composé de jeunes mamans, et l'autre de femmes sans enfant. Ils ont récolté des odeurs de nouveau-nés sur les pyjamas des mères et les ont fait sentir à toutes les participantes. Pendant l'expérience, des images par résonance magnétique (IRM) du cerveaucerveau des candidates ont été réalisées, afin d'étudier l'effet de l'odeur des bébés sur les activités cérébrales.
L’essence des bébés stimule le circuit des récompenses
Lorsque les participantes respirent les odeurs infantiles, leur noyau caudé s'active. Cette zone, située au centre du cerveau, joue un rôle dans la récompense après un apprentissage. « Ce circuit est celui qui nous fait aimer certains aliments et qui nous rend accros au tabac et à d'autres droguesdrogues, toutes les odeurs ne l'activent pas, il faut qu'elles soient associées à une récompense », explique Johannes Frasnelli, une des auteurs de cette étude.
Ces résultats mettent en évidence le rôle prépondérant des odeurs dans les relations humaines. Dans ce cas précis, les substances qui s'échappent du nouveau-né activent le circuit des récompenses chez les femmes. Ce phénomène pourrait être essentiel au développement de l'amour maternel. Les scientifiques ont également noté que l'activation du circuit des récompenses était plus intense chez les femmes sans enfant. Des études supplémentaires sont nécessaires pour comprendre la signification de ce résultat. « Il est possible que l'accouchement et l'expérience de la maternité induisent des changements hormonaux qui altèrent le circuit des récompenses dans le noyau caudé », poursuit la chercheuse.
Qu'en est-il des hommes ? À l'avenir, les auteurs aimeraient étudier le rôle des effluves des bébés sur l'activité cérébrale de la gent masculine. Lorsque l'on observe certains papas avec leur enfant, on peut facilement imaginer que les effets sont similaires. Mais encore faut-il le prouver...