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La plupart des microbes qui envahissent le corps peuvent également attaquer la surface ou l'intérieur de l'œil. Cette étude suggère que des bactéries non virulentes pourraient protéger cet organe contre les infections. © Laitr Keiows, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Les bactéries font preuve d'astuces en tout genre pour défier le système immunitaire et provoquer une infection. Elles sont d'autant plus dangereuses qu'il devient très difficile de les éradiquer par des traitements antibiotiques auxquels elles sont de plus en plus résistantes.
De nombreuses équipes de recherche travaillent sans relâche pour trouver la parade à ces germesgermes résistants. Des scientifiques de l'université de médecine et d'odontologie du New Jersey auraient peut être la solution pour combattre une infection oculaire. Au cours de leurs travaux, ils ont eu l'idée ingénieuse de lutter contre les bactéries pathogènes des yeux... avec des bactéries ! Mais des « gentilles » cette fois, celles qui se multiplient chez l'Homme sans endommager les tissus et qui participent à l'équilibre de la santé. Cette étude est publiée dans la revue Plos One.
Pseudomonas aeruginosa peut, dans certaines conditions, être pathogène. Elle engendre différentes sortes de pathologies et peut infecter de nombreux organes comme l’œil ou les poumons. © Dennis Kunkel Microscopy, Inc.
Pseudomonas aeruginosa et Serratia marcescens sont deux espècesespèces bactériennes qui peuvent entraîner de graves infections oculairesoculaires et conduire à une perte de la vision. Cependant, les antibiotiques ne sont pas toujours efficaces et de nouvelles stratégies doivent être mises en place pour les détruire efficacement.
Des « gentilles » bactéries pour en combattre des « méchantes »
Pour lutter contre un ennemi, encore faut-il trouver un adversaire à sa taille. Les auteurs sont donc partis à la recherche de bactéries prédatrices, c'est-à-dire capables de neutraliser des bactéries nocives, soit dans ce cas Pseudomonas aeruginosa et Serratia marcescens. Grâce à des expériences en tubes à essaitubes à essai en laboratoire, ils ont identifié deux bactéries bienfaitrices, Micavibrio aeruginosavorus et Bdellovibrio bacteriovorus, qui font partie de la flore bactérienne humaine normale.
Les chercheurs ont ensuite vérifié le caractère inoffensif de ces bactéries prédatrices. Pour cela, ils les ont cultivées en présence de cellules épithéliales de l'œil. Leurs résultats sont prometteurs puisqu'ils n'ont détecté aucune trace de toxicité ou d'inflammationinflammation au niveau des cellules. Puis, les scientifiques ont évalué l'effet des bactéries prédatrices sur les pathogènes de l’œil in vivoin vivo. Pour ce faire, Pseudomonas aeruginosa a été injectée dans des vers de l'espèce Galleria mellonella. Alors qu'une infection par cette bactérie est fatale pour les vers, l'ajout par injection simultanée des deux « gentilles » bactéries a permis de les sauver.
« Il reste maintenant à tester l'effet des bactéries prédatrices dans l'œilœil chez d'autres animaux puis chez l'Homme », explique Daniel Kadouri le directeur de cette étude. Ces résultats présentent une illustration supplémentaire des possibles interactions positives existant entre l'Homme et les microbesmicrobes. L'utilisation de germes pour lutter contre les infections est une alternative prometteuse aux antibiotiques.