La stimulation cérébrale profonde combinée à l'intelligence artificielle pourrait permettre de traiter plus efficacement les dépressions résistantes aux traitement conventionnels, en identifiant des biomarqueurs cérébraux.
au sommaire
La stimulation profonde du cerveau est une technique qui envoie des signaux électriques dans certaines zones du cerveau. Cette méthode peut aider à soulager les symptômes d'une dépression résistante sévère ne répondant pas aux traitements habituels. Cependant, il est difficile de savoir à l'avance si cette méthode fonctionnera ou pas pour un patient donné. Chacun réagit différemment. De plus, les symptômes de la dépression sont rapportés subjectivement par les patients eux-mêmes. Pour résoudre ce problème, des chercheurs ont utilisé un nouvel appareil qui permet d'enregistrer l'activité électrique du cerveau tout en administrant cette stimulation profonde du cerveau. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature.
Des signaux électriques prédisant la réponse au traitement
L'étude a porté sur dix personnes souffrant de dépression sévère résistante aux traitements habituels. Après 24 semaines de traitement avec le nouvel appareil, la plupart des participants ont montré une amélioration significative, et certains sont même entrés en rémission. Les auteurs ont utilisé une technique d'intelligence artificielleintelligence artificielle pour analyser les données de l'activité électrique du cerveau des participants. Ils ont pu identifier des changements spécifiques dans l'activité électrique du cerveau indiquant de manière objective l'état de la dépression du patient. Ces informations pourraient aider les médecins à ajuster le traitement de manière plus précise pour chaque patient, sans attendre la rémission clinique.
En plus de cela, les chercheurs ont découvert que l'état initial du réseau de neurones d'un patient peut prédire comment il réagira au traitement. En complément, une analyse vidéo permettant de détecter les changements dans les expressions faciales des participants a fourni des informations supplémentaires sur leur état de santé mental. En conclusion, cette étude montre que des méthodes objectives, comme l'analyse de l'activité électrique du cerveau et l'analyse des expressions faciales, peuvent être très utiles pour personnaliser et améliorer la prise en charge de la dépression résistante aux traitements conventionnels.
Dépression : la stimulation transcrânienne soulagerait les symptômes
Grâce à un faible courant électriquecourant électrique alternatif, des chercheurs californiens ont pu soulager les symptômes de patients souffrant de dépression majeure. C'est un espoir de voir émerger de nouveaux traitements, sans les effets secondaires des antidépresseursantidépresseurs.
Article de Marie-Céline RayMarie-Céline Ray, publié le 14 mars 2019
La dépression est un trouble psychiatrique fréquent. En France, d'après l'Inserm, une personne sur cinq souffre de dépression à un moment donné de sa vie. Or, les traitements de la dépression ne seraient efficaces que dans 70 % des cas. De plus, les médicaments antidépresseurs ont souvent des effets secondaires, d'où l'intérêt de trouver d'autres solutions pour améliorer la qualité de vie des patients. Dans ce contexte, la stimulation transcrânienne apporte un nouvel espoir.
Dans cet essai cliniqueessai clinique, les scientifiques de l'UNC School of Medicine (Caroline du Nord) ont testé la stimulation transcrânienne à courant alternatifcourant alternatif (tACS). Cette technique utilise des électrodes attachées au cuir chevelucuir chevelu qui envoient un faible courant électrique alternatif. Avec cette méthode, les chercheurs ont ciblé une région particulière et des ondes précises du cerveau.
Des travaux précédents ont montré que les patients souffrant de dépression présentaient un déséquilibre des oscillations alpha : ces ondes, qui se trouvent entre 8 et 12 HzHz sur l'électroencéphalogrammeélectroencéphalogramme, seraient plus actives dans le cortexcortex frontalfrontal gauche, ce qui donnerait lieu à une « asymétrie frontale alpha » chez les dépressifs. D'après le communiqué de l'UNC School of Medicine, les ondes alpha sont plus fréquentes quand nous fermons les yeuxyeux, rêvons, méditons ou réfléchissons : quand le cerveau se coupe des stimuli sensoriels, visuels ou auditifs.
L'idée des chercheurs était donc de cibler ces ondes pour les resynchroniser avec les oscillations alpha du cortex frontal droit, et ainsi réduire les symptômes de dépression. Pour ce faire, ils ont recruté 32 patients souffrant de dépression majeure. Leurs symptômes ont été évalués grâce à la « Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale » (MADRS), qui donne une mesure de la dépression.
Réduction des symptômes dépressifs chez 70 % des patients
Les participants ont été répartis en trois groupes. Dans le groupe placeboplacebo, les patients ont eu une fausse stimulation électrique, brève, qui mimait un début de séance tACS. Dans le groupe contrôle, les participants ont suivi une séance de tACS à 40 Hz, c'est-à-dire une fréquence qui, pour les scientifiques, ne devrait pas agir sur les ondes alpha. Enfin, le troisième groupe a eu le traitement tACS à 10 Hz ciblant les ondes alpha. L'expérience s'effectuait en double aveugle.
Chaque participant a suivi ce traitement pendant 40 minutes, et durant cinq jours de suite. Les chercheurs ont réalisé des électroencéphalogrammes pour relever les modifications des oscillations alpha. Les participants ont répondu à des questions pour tester leurs symptômes dépressifs, immédiatement après l'intervention, puis deux semaines plus tard et un mois plus tard.
Chez les patients traités avec la tACS à 10 Hz, les chercheurs ont trouvé une baisse des oscillations alpha du cortex frontal gauche, ce qui permettait de synchroniser ces ondes avec celles du cortex frontal droit. Mais il n'y avait pas de baisse significative des symptômes dépressifs chez ces patients au bout d'un mois. En revanche, quand les symptômes étaient testés deux semaines après l'intervention, 70 % des patients avaient une réduction de 50 % des symptômes dépressifs, d'après les mesures de l'échelle MADRS. De telles réductions n'ont pas été observées dans les deux autres groupes.
Cette étude pilote, qui paraît dans la revue Translational Psychiatry, visait à montrer que la technique était sûre et efficace. Flavio Frohlich, le chercheur qui a dirigé cette recherche, avait déjà travaillé sur des essais cliniques visant à tester la tACS pour la schizophrénieschizophrénie et la douleurdouleur chronique.
Dépression et stimulations du cerveau : un traitement durable
Article de Claire PeltierClaire Peltier paru le 14 octobre 2010
Le traitement durable de la dépression est un challenge permanent pour les médecins. Selon une nouvelle étude, la stimulation magnétique transcrânienne semble être une technique efficace à long terme contre la maladie.
La stimulation magnétique transcrânienne (TMS) n'est pas nouvelle. Cette méthode de traitement non invasive consiste en la stimulation de certaines zones du cerveau spécifiques, grâce à des impulsions magnétiques. Pour traiter la dépression, les impulsions sont spécifiquement induites sur le cortex préfrontal gauche, une zone du cerveau connue pour être liée à cette maladie. Cette zone, qui mature plus tardivement que le cortex préfrontalcortex préfrontal droit, est en effet liée au ressenti et à la gestion des émotions positives.
Les impulsions, de même intensité que le champ magnétiquechamp magnétique créé par une machine d'imagerie par résonance magnétique (IRMIRM), traversent la boîte crânienneboîte crânienne pour activer les neurones. Des études ont déjà démontré l'efficacité de ces traitements sur la dépression, qui sont d'ailleurs approuvés par la Food and drug administrationFood and drug administration (FDA) mais très peu d'études font état d'une réelle durabilitédurabilité de l'efficacité du traitement.
Une publication parue dans la revue Brain Stimulation vient palier ce manque. L'étude menée par les chercheurs du Rush University Medical Center a inclus 301 patients, traités aléatoirement par une série de TMS réelles ou simulées (placebo).
Seulement 10 % de rechute
L'évaluation de l'état des patients a été réalisée entre autres grâce à un questionnaire (Hamilton Depression Rating Scale ou HAMD) fréquemment utilisé par les scientifiques pour déterminer la sévérité d'une dépression. L'ensemble des réponses permet d'attribuer une note à un moment donné, un moyen d'évaluer précisément les évolutions de la maladie pour une même personne.
Dans ce cas, les patients ayant diminué leur score d'au moins 25 % après six semaines de traitement ont été considérés comme ayant bénéficié d'une profonde amélioration. Ils ont ensuite été soumis à une diminution progressive (pendant 3 semaines) des doses de TMS, associée à un traitement médicamenteux antidépresseur pour éviter toute rechuterechute. Au total, 142 patients sont entrés dans la phase de transition et 121 d'entre eux n'ont pas rechuté au cours de ces trois semaines.
Parmi ceux-ci, qui ont donc bénéficié d'une réponse très positive au TMS, 99 ont accepté d'être encore suivis sur une nouvelle période de 6 mois pour tester l'efficacité du traitement à long terme. Seul un nombre limité de patients (10 %) a rechuté au cours de cette phase. Ces résultats indiquent que les effets de la TMS sont durables chez les patients qui répondent bien au traitement. Par ailleurs, l'utilisation de la TMS pour des patients dont l'état était en légère aggravation a permis d'éviter une rechute imminente de 32 patients sur 38 (84 %).
La TMS n'est pas efficace à 100 % mais permet néanmoins une amélioration à long terme de l'état d'une majorité de patients, si toutefois ces résultats initiaux sont confirmés. La TMS pourrait donc être généralisée, d'autant que les risques associés à ce traitement semblent faibles.