Le premier essai clinique utilisant des cellules souches vient de commencer. Il a pour but de démontrer l’innocuité et l’efficacité des cellules souches embryonnaires humaines dans le traitement des lésions de la moelle épinière chez les personnes paralysées.

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    Un nouvel espoir s'ouvre pour les paraplégiques grâce à cet essai clinique. © Mnorri / Licence Creative Commons

    Un nouvel espoir s'ouvre pour les paraplégiques grâce à cet essai clinique. © Mnorri / Licence Creative Commons

    Les laboratoires Geron ont entrepris les essais cliniques en phase 1 pour l'utilisation de cellules souches embryonnaires humaines dans le but de traiter des patients paralysés suite à des lésions au niveau la moelle épinière. Le premier pas est d'estimer les risques et la tolérance de la transplantation des cellules sur un homme. Le devenir des cellules souches dans l'organisme est en effet encore peu compris, et il n'est pas exclu que des multiplications incontrôlées des cellules surviennent, menant à l'apparition de tératomes (tumeurtumeur développée à partir de cellules pluripotentes).

    Bien sûr, l'efficacité de la transplantation sur les fonctions neurologiques sera aussi déterminée, par observation de la réactivité des muscles sous la lésion, de la locomotion et des sensations éprouvées au niveau des membres inférieurs.

    Un seul patient a pour l'heure été choisi car les conditions sont strictes. Ils doivent être volontaires et avoir été victimes d'une lésion complète et soudaine de la moelle épinière au niveau de la région thoracique (entre les vertèbres T3 et T10), classé en grade A (maximal) selon l'American Spinal Injury Association (Asia) Impairement Scale. Les dommages doivent être survenus très récemment puisque le protocoleprotocole exige une transplantation des cellules dans les 7 à 14 jours qui suivent l'apparition de la lésion. Les prochains cobayes ne sont donc probablement pas encore paralysés...

    La transplantation proprement dite consiste en une injection de 2 millions de cellules souches au site de la blessure, par un chirurgien compétent assisté d'une machine qui permet de contrôler précisément le point d'entrée des cellules. Immuno-supprimés pour l'opération, les patients vont ensuite être régulièrement contrôlés grâce à des tests standardisés sur une période de 15 ans.

    Les cellules souches GRNOPC1 sont cultivées dans un laboratoire spécialisé, dans des conditions stériles drastiques. © Geron corp.

    Les cellules souches GRNOPC1 sont cultivées dans un laboratoire spécialisé, dans des conditions stériles drastiques. © Geron corp.

    Une réussite chez les rats

    Les cellules thérapeutiques, nommées GRNOPC1, sont des cellules progénitrices des oligodendrocytes dérivées de cellules souches embryonnaires humaines. Naturellement retrouvés dans le système nerveux, les oligodendrocytes ont pour rôle de synthétiser la myélinemyéline, une sorte de gaine qui entoure les fibres neuronales et qui favorisent la conduction des impulsions électriques. Ils produisent aussi des facteurs neurotrophiques, des moléculesmolécules qui favorisent la survie et la fonction des neurones. Au cours des lésions de la moelle épinière, les oligodendrocytes sont perdus, ce qui cause la mort des neuronesneurones et la paralysie en deçà de la lésion.

    Depuis 2005, les essais successifs utilisant les cellules GRNOPC1 avaient déjà donné de bons résultats sur des rongeursrongeurs. Des rats transplantés sept jours après la blessure avaient bénéficié d'une réactivationréactivation de la myélinisation des neurones par les oligodendrocytes, d'une atténuation de la perte des motoneuronesmotoneurones et d'une amélioration des fonctions motrices des membres (voir la vidéo explicative en anglais).

    L'innocuité des cellules semble également avérée : les rats observés sur une longue duréedurée (12 mois) n'ont pas développé de tératome. De plus, les chercheurs n'ont rapporté aucune migration des cellules en dehors du système nerveux, aucune allodynie (douleurdouleur anormale), ni aucune réponse immunitaireréponse immunitaire dirigée contre les cellules transplantées.

    C'est suite à cette réussite que le laboratoire a obtenu l'autorisation de débuter les essais cliniques sur l'homme. Si l'efficacité et l'innocuité du traitement se confirment, quelques milliers de personnes chaque année victimes de lésions de la moelle épinière pourraient bénéficier de cette avancée. Si l'essai échoue, l'exosquelette eLEGS pourra au moins faciliter la vie des paraplégiques.