Un suivi de volontaires depuis leur naissance jusqu’à leurs 38 ans a permis de mieux préciser l’impact du cannabis sur les facultés intellectuelles à long terme. Les plus gros fumeurs, surtout s'ils ont commencé pendant l'adolescence, ont perdu jusqu’à 8 points de quotient intellectuel (QI) en 25 ans. La marijuana n’est pas bonne pour le cerveau !

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    Le cannabis est depuis longtemps consommé pour un usage récréatif, malgré son interdiction du fait des dangers pour la santé. En revanche, il est aussi proposé dans certains pays pour un usage thérapeutique, notamment pour les effets analgésiques du tétrahydrocannabinol (THC). Peut-être faudra-t-il revoir les critères de prescriptions et éviter d'en donner à des adolescents. © Amihays, shutterstock.com

    Le cannabis est depuis longtemps consommé pour un usage récréatif, malgré son interdiction du fait des dangers pour la santé. En revanche, il est aussi proposé dans certains pays pour un usage thérapeutique, notamment pour les effets analgésiques du tétrahydrocannabinol (THC). Peut-être faudra-t-il revoir les critères de prescriptions et éviter d'en donner à des adolescents. © Amihays, shutterstock.com

    On le suspectait depuis longtemps, c'est désormais mieux démontré. Fumer du cannabis régulièrement à l'adolescence peut provoquer une baisse des capacités intellectuelles à l'âge adulte, confirme une étude publiée lundi dans Pnas.

    La recherche effectuée sur 1.037 Néo-Zélandais, première à prendre en compte une période globale de près de 40 ans, a permis de suivre des enfants nés en 1972-1973 depuis leur naissance et de comparer leur quotient intellectuel (QI) à 13 ans puis à 38 ans. Certains d'entre eux étaient des consommateurs réguliers de cannabis, y compris après 20 ans ou 30 ans, d'autres non. En rencontrant les volontaires à onze reprises au long de leur existence dès le plus jeune âge pour les mettre en confiance, les scientifiques évaluaient les habitudes de vie de chacun via des questionnaires.

    Au bout de la période, un écart de huit points s'est creusé entre les plus gros fumeurs et les abstinents de toujours, affirme Madeleine Meier, psychologue à la Duke University, en Caroline du Nord, et auteur principal de cette étude. Or « le QI est censé être stable » à mesure que l'on vieillit, explique-t-elle. Pour les personnes n'ayant jamais fumé de cannabis, le QI a même légèrement progressé de quelques dixièmes de point.

    Le cannabis fait perdre la mémoire

    « On sait que le QI est un élément fort déterminant pour l'accès à l'université, pour le revenu gagné tout au long de la vie, pour l'accès à l'emploi et la performance au travail », poursuit la chercheuse. « Quelqu'un qui perd huit points de son quotient intellectuel durant son adolescence et à la vingtaine peut se retrouver désavantagé par rapport à ses pairs du même âge pour de nombreux aspects majeurs de la vie », et ce pendant de longues années, conclut-elle, soulignant que cette importante différence ne serait pas due à d'autres facteurs (éducation, alcool, autres drogues, etc.).

    Les consommateurs de marijuana ont aussi montré de plus faibles capacités de mémoire, de concentration ou ont obtenu des résultats moins probants lors des tests évaluant certaines fonctions mentales, la vitessevitesse de traitement de l'information ou les fonctions exécutives.

    Le cannabis, issu du chanvre, détériore le cerveau, ce qui entraîne des répercussions sur un certain nombre de facteurs intellectuels, mesurés par exemple par les tests de QI. © Chmee2, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Le cannabis, issu du chanvre, détériore le cerveau, ce qui entraîne des répercussions sur un certain nombre de facteurs intellectuels, mesurés par exemple par les tests de QI. © Chmee2, Wikipédia, cc by sa 3.0

    L’adolescence, une période critique

    Ceux qui avait ralentit leur consommation l'année précédant leurs 38 ans, moment du second test, n'ont pas pour autant obtenu de meilleurs résultats, ce qui plaide pour une irréversibilité des effets. Cependant, l'échantillonnageéchantillonnage sur lequel se basent ces conclusions est mince et donc peu représentatif. Or, de précédents travaux tendaient à montrer que 28 jours d'abstinence suffisaient pour retrouver la pleine possession de ses moyens.

    Autre découverte de ce travail : les fumeurs ayant commencé seulement à l'âge adulte ne souffraient pas d'un tel écart intellectuel avec les non-fumeurs. Seulement des données sociologiques démontrent, statistiques à l'appui, que cette consommation de cannabis démarre le plus souvent dans l'adolescence, « une période très sensible du développement du cerveau », indique Mme Meier. Effectivement, cette tranche d'âge est marquée par de nombreuses modifications et réorganisations de l'organe de la pensée, en pleine maturation. En utilisant des substances agissant directement sur le mental, les jeunes « peuvent perturber le processus cérébral normal », explique-t-elle.

    Un impact sur l’intelligence déjà suspecté mais non prouvé

    L'étude n'évalue pas, en revanche, les effets d'un arrêt ou d'un ralentissement de consommation plus tôt dans la vie, et ne précise pas non plus les quantités consommées.

    Par le passé, cette relation entre consommation de cannabis et impact sur l'intelligence avait déjà été fortement suspectée. Une recherche menée sur le rat montrait qu'une consommation de marijuana durant une période équivalente à notre adolescence entraînait des déficits cognitifs. Un autre travail, mené chez de jeunes personnes, révélait grâce à l'IRM que le cortex préfrontalcortex préfrontal, impliqué dans la prise de décision et le contrôle de soi était moins volumineux chez les consommateurs réguliers.

    Mais la question que posaient les plus dubitatifs consistait à savoir si le cannabis détériorait les facultés mentales ou si les personnes avec des capacités intellectuelles légèrement inférieures étaient celles qui se dirigeaient plus facilement vers la droguedrogue. Grâce à cette nouvelle étude, le débat pourrait bien être clos.