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Le cancer de la prostate, dont on voit une cellule tumorale à l’image, est le plus fréquent de tous les cancers, mais pas le plus mortel. Les scientifiques ont déjà testé un nouveau dispositif révolutionnaire qui pourrait le faire vaciller : le Focal One. Les premiers résultats, menés dans un hôpital lyonnais, paraissent prometteurs. © Anne Weston, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0
Trois en un. C'est en combinant l'imagerie par IRM et l'échographie 3D que les scientifiques peuvent envoyer des ultrasonsultrasons focalisés à haute densité plus précisément sur une tumeur prostatique, et donc l'éliminer plus efficacement. Conçu par l'entreprise Edap TMS, siégeant à Vaulx-en-Velin (Rhône), Focal One pourrait bien devenir l'un des traitements de référence des cancers de la prostate.
Pourquoi ? Parce que même si 80 % de ces tumeurs sont jugées curables, les thérapies actuelles, que ce soit par chirurgie ou radiothérapieradiothérapie, s'accompagnent souvent de complications gênantes pour les patients : dans 10 % des cas, les hommes souffrent d'incontinence, tandis qu'une fois sur deux, ils deviennent impuissants. En effet, des tissus sains sont détruits ou retirés au passage.
Testé depuis trois ans au sein de l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon, et surtout utilisé depuis juin dernier dans le service d'urologieurologie, Focal One semble parvenir à de bien meilleurs résultats. Grâce à l'IRM, il localise la tumeur, et arrive même à lui donner du relief lorsqu'elle est fusionnée à l'échographieéchographie 3D. Ainsi, les contours de la région cancéreuse sont bien mieux délimités. Les médecins peuvent alors recourir aux ultrasons focalisés à haute densité, envoyés dans la zone tumorale, entraînant l'échauffement et donc la destruction des tissus malades, avec la possibilité d'ajuster en temps réel.
Cette vidéo permet de mieux comprendre le fonctionnement et les avantages du Focal One, grâce aux explications du chirurgien Sébastien Crouzet, et de Nicolas Guillen, chef du projet chez Edap TMS. © ATP, YouTube
Focal One, un traitement d’avenir pour le cancer de la prostate ?
D'après Sébastien Crouzet, chirurgien dans l'hôpital et interrogé par l'AFP, « le gain de confort est énorme pour le patient ». En effet, il estime que les risques de complications sont divisés par dix avec cette technique non invasive et ne nécessitant qu'une anesthésieanesthésie locorégionale. Autre avantage : une séance de 30 minutes à deux heures peut suffire. Si ce n'est pas le cas, l'opération peut être répétée, car il n'y a pas de dose limite, comme dans le cas de la radiothérapie. Focal One semble pousser encore plus loin la précision des thérapies ciblées et personnalisées du cancer.
Cependant, le dispositif est toujours en cours d'évaluation et n'a pas encore fait l'objet d'une étude à grande échelle afin de déterminer son efficacité et ses limites. Ce processus pourrait durer encore une dizaine d'années.
Après avoir fait ses premières armes dans la capitale des Gaules, le Focal One commence à circuler dans d'autres hôpitaux français. Depuis le début du mois, on le retrouve à Bordeaux, à Lille, à Paris ou encore à Toulouse. Le cancer de la prostate est de loin le plus courant chez les hommes, ayant concerné 53.465 patients en 2012, année au cours de laquelle 8.876 personnes en sont mortes.