Arrivant au premier rang des cancers tous sexes confondu, les cancers colorectaux représentent un véritable problème de santé publique. Leur incidence est de 36 000 nouveaux cas par an en France et le nombre de cancers colorectaux adoublé en ving tans. Ce cancer est responsable de 16 000 décès par an. Retour sur une publication de l'équipe de Jérôme Galon et de Franck Pagès de l'unité Inserm 255.

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    Cancer colorectal : un pronostic plus fiable

    Cancer colorectal : un pronostic plus fiable

    Ce qu'il faut retenir de cette publication :

    - Les critères actuels de pronostic des cancers colorectaux sont essentiellement basés sur l'évaluation de l'extension de la tumeur.
    - L'équipe de Jérôme Galon et de Franck Pagès de l'unité Inserm 255 « Immunologie cellulaire et clinique » à l'Institut médical des Cordeliers, dirigés par le WH Fridman, démontre dans la revue Science du 29 septembre 2006 que la qualité de la réaction immunitaire dans la tumeur représenterait en fait le paramètre le plus déterminant pour établir un pronostic.
    - Ces cellules de l'immunité à la fois « tueuses » et dotées d'une « mémoire » parviennent en effet à combattre les cellules tumorales même après ablationchirurgicale de la tumeur. La présence ou non de ces cellules au sein de la tumeur permet donc d'affiner le pronostic de manière positive ou négative, indépendamment des autres critères. Ces travaux pourraient permettre de mieux identifier les patients à risque de récidive, à tous les stades de la maladie.
    - Ces résultats, mis en évidence dans les cancers colorectaux, pourraient être étendus à d'autres cancers.

    Afin de mieux analyser la réaction immunitaire de l'environnement tumoraltumoral et ses conséquences sur la survie des patients, Jérôme Galon, Franck Pagès et leur équipe, ont développé un réseau de recherche multidisciplinaire (cliniciens, chercheurs en immunocancérologie, bioinformaticiens) et mis en place des technologies permettant d'évaluer à large échelle la réponse immunitaireréponse immunitaire déclenchée par la tumeur. Une base de donnéesbase de données clinique et biologique de cancers colorectaux vient compléter cette série d'outils. Cette équipe a ainsi pu montrer en 2005 dans la revue The New England Journal of Medicine le rôle prépondérant joué par une population de lymphocyteslymphocytes mémoires présents sur le site de la tumeur pour contrôler des événements d'invasions précoces aboutissant à l'apparition de métastasemétastase.

    Aujourd'hui, la même équipe démontre dans la revue Science que la qualité de la réaction immunitaire présente dans la tumeur constitue l'élément le plus déterminant pour l'évolution clinique des patients présentant un cancer colorectalcancer colorectal.

    Pour aboutir à ce résultat, cette équipe a tout d'abord analysé le niveau d'expression de nombreux gènesgènes impliqués dans la réaction immunitaire sur le site de la tumeur, dans 75 tumeurs colorectales. Des programmes informatiques de modélisationmodélisation des résultats, développés par le groupe de bioinformatique autrichien associé au travail, ont permis aux auteurs d'identifier un groupe de gènes dont le niveau d'expression est très fortement associé à l'évolution clinique des patients. Le niveau d'expression de ces gènes témoigne de l'existence d'une réaction immunitaire dans la tumeur faisant intervenir des cellules immunitaires (lymphocytes TT CD8 cytotoxiquescytotoxiques) potentiellement capables de reconnaître et de détruire les cellules tumorales. Ces lymphocytes sont à l'origine de l'apparition de lymphocytes tueurs "mémoires" qui vont persister dans l'organisme, même après ablationablation chirurgicale de la tumeur.

    La nature des cellules immunitaires infiltrant les tumeurs, leur densité et leur organisation spatiale a ensuite été évaluée sur une série rétrospective de 415 tumeurs colorectales. Cette analyse a été menée sur des puces tissulaires regroupant les différentes régions de chacune des tumeurs, aboutissant à plus de 6600 analyses. Les résultats obtenus ont été corrélés à l'évolution clinique des patients, avec un recul allant jusqu'à 15 ans pour certains patients.

    Ces expériences ont montré que la nature, la densité et l'organisation spatiale des cellules immunitaires dans les tumeurs représentent un élément pronostic de premier ordre.

    Ainsi, les analyses statistiques menée par l'équipe, prenant en compte de multiples variables dont celles actuellement utilisées dans la pratique clinique, révèlent que l'évaluation de ce critère immunologique apparaît plus importante que l'évaluation de l'extension de la tumeur au sein de la paroi digestive et dans les ganglionsganglions adjacents.