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Le bisphénol A est présent dans les canettes, les boîtes de conserves et tout un tas d'autres contenants alimentaires. Il peut parfois se mélanger à la nourriture et être avalé. Une fois dans le corps, il mime les effets des œstrogènes, ce qui dérégule les taux d'hormones sexuelles chez les hommes et favorise l'apparition de cancers du sein chez la femme. Entre autres. © Retska, StockFreeImages.com
Il n'y a plus guère de doutes : le bisphénol A (BPABPA) est dangereux pour la santé humaine. De nombreuses études scientifiques l'accablent et montrent l'étendue de son pouvoir toxique : cancérigène et neurotoxique, ce perturbateur endocrinien favorise aussi l'infertilité, les maladies cardiovasculaires, le diabète, des troubles thyroïdiens et serait également nocif chez le bébé.
Cette moléculemolécule, entrant dans la composition de résines plastiquesplastiques recouvrant l'intérieur des canettes, de boîtes de conserve, de bouteilles plastiques, de certains produits médicaux ou de barquettes alimentaires, nous concerne tous ou presque.
Depuis juillet 2010, la France a exigé l'interdiction de la commercialisation de biberons avec du BPA, une mesure qui a trouvé écho au sein de l'Union européenne qui élargissait cette interdiction à tous ses pays membres en janvier 2011.
Le Sénat repousse l’interdiction du BPA à juillet 2015
Mais on l'a vu, cette molécule est toujours très présente dans notre environnement. C'est donc l'heure pour les politiques d'agir. L'Assemblée nationale votait il y a quasiment un an jour pour jour le retrait définitif du bisphénol A dans les contenants alimentaires à compter du 1er janvier 2014.
Le texte de loi visant à interdire le bisphénol A dans les contenants alimentaires au 1er juillet 2015 vient d'être voté en première lecture au Sénat. Il va maintenant passer en deuxième lecture à l'Assemblée nationale. © Romain Vincens, Wikipédia, cc by sa 3.0
C'est maintenant un nouveau projet qui vient d'être accepté à l'unanimité par les sénateurs ce mardi 9 octobre, en première lecture. Les délais sont repoussés au 1er juillet 2015, de façon à laisser davantage de temps aux industriels de l'emballage pour remplacer le composé en cause.
En revanche, ce texte demande l'interdiction du bisphénol ainsi que tout autre perturbateur endocrinien dans les dispositifs médicaux destinés aux femmes enceintes ou aux nourrissons. Un point n'a pas changé : dès 2013, plus aucun contenant alimentaire destiné aux enfants de moins de 3 ans ne devra comporter du BPA.
Quoi pour remplacer le bisphénol A ?
Le débat est difficile et problématique. Si, pour des raisons sanitaires, il paraît évident de devoir retirer de la circulation une molécule aussi toxique, les industriels s'interrogent sur l'intérêt de légiférer à si court terme. Ils craignent en effet pour la réputation de leur secteur, car cette loi les oblige à trouver de nouvelles résines, composées de produits dont on ignore encore les effets sur la santé humaine. Ne risque-t-on pas de faire pire ?
Pour l'heure, il y en a quatre qui peuvent prétendre reprendre le rôle du BPA. Mais à la différence de la molécule qui était dotée d'une certaine universalité, il faudra maintenant les tester avec chaque denrée pour voir laquelle convient le mieux à chaque aliment. De plus, cela pourrait être dépendant du processus de fabrication. D'ici 2015, il sera probablement difficile d'établir les caractéristiques complètes de chacune des résines...
Les scientifiques demandent davantage de recul. Le mois passé, des chercheurs de l'Inserm révélaient dans Pnas qu'ils comprenaient mieux le mécanisme d'action du bisphénol A au niveau moléculaire, caractérisant ainsi les aspects toxiques du composé, ce qui permettrait de développer à l'avenir de nouveaux plastiques exempts de ces propriétés et donc sans danger pour l'organisme. Malheureusement, tous ces tests nécessitent du temps, mais en disposons-nous vraiment ?