Glissée dans le corps, cette sorte de pilule équipée d’une caméra se pilote depuis l’extérieur pour visionner et soigner. Son moteur : le champ magnétique généré par un appareil IRM. L'appareil, cependant, n'a pas encore été testé en situation réelle.

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    Les plus jeunes ne se souviennent peut-être pas du film Le Voyage fantastique, sorti en 1966 sous la direction de Richard Fleischer et reprenant une nouvelle d'Isaac AsimovIsaac Asimov. Un scientifique américain fait une découverte importante mais un attentat le plonge dans le coma avant qu'il n'ait pu partager son secret. La seule solution pour le sauver consiste à miniaturiser un sous-marin et son équipage afin de les envoyer dans le corps du chercheur pour détruire le caillot de sangcaillot de sang qui menace de le tuer.

    Cette histoire d'Asimov est souvent évoquée pour illustrer les progrès des nanotechnologiesnanotechnologies qui laissent espérer de nouvelles méthodes pour explorer le corps. Car la réalité rattrape la fiction puisque des médecins du Brigham and Women’s Hospital à Boston (États-Unis) et des chercheurs de l'université de Tel Aviv (Israël) ont décrit dans Biomedical Microdevices une capsule équipée d'une caméra qui pourrait être avalée comme une pilule et que l'on pourrait diriger depuis l'extérieur du corps.

    Les techniques d'endoscopie (regarder à l'intérieur du corps) ont fait des progrès mais restent encore limitées. Du long câble invasifinvasif muni d'une caméra que l'on enfonçait de la bouche jusqu'à l'estomac, on était passé à la pilule qui mitraillait de photos le tractus gastrogastro-intestinal mais dont les déplacements dépendaient du bon vouloir des mouvementsmouvements péristaltiques (les contractions des muscles de l'appareil digestif).

    Un IRM en guise de télécommande

    C'est donc une étape supérieure qui vient d'être franchie avec cette capsule dirigeabledirigeable. Dotée d'une queue de 20 mm sur 5 en cuivre et en polymèrespolymères flexibles, le microrobot nage à la vitessevitesse de quelques millimètres par seconde grâce au champ magnétiquechamp magnétique généré par un appareil IRM. Ce champ magnétique engendre une vibrationvibration de la queue, et le bagage électronique inséré dans la capsule permet à un opérateur de manipuler l'engin.

    L'endoscopie permet de fournir des images de l'intérieur du tractus digestif (comme ci-dessus) mais fait appel à de longues fibres optiques qui sont très encombrantes et gênantes pour le patient, sans parler des irritations qu'elle provoque. Une pilule télécommandée éviterait ces problèmes. © Mike.jone, Flickr, cc by nc sa 2.0

    L'endoscopie permet de fournir des images de l'intérieur du tractus digestif (comme ci-dessus) mais fait appel à de longues fibres optiques qui sont très encombrantes et gênantes pour le patient, sans parler des irritations qu'elle provoque. Une pilule télécommandée éviterait ces problèmes. © Mike.jone, Flickr, cc by nc sa 2.0

    « Un appareil IRM émet un important champ magnétique constant, explique Gabor Kosa, l'un des créateurs de ce robot miniature. La capsule navigue selon ce champ magnétique, comme le fait un voilier au gré du ventvent. »

    Une pilule pas encore testée dans le corps humain

    Cette technique de guidage impose le choix du cuivrecuivre plutôt que d'autres éléments. En effet, la plupart des métauxmétaux magnétiques interfèrent avec l'IRM et fourniraient des images illisibles, complètement sombres. Le cuivre, lui, ne laisse qu'une petite ombre sur le cliché, le rendant tout à fait exploitable.

    C'est bien là l'objectif de ces petits robotsrobots. Permettre aux médecins d'observer l'intérieur du tube digestif et de détecter les lésions ou les cancers à des phases précoces de leur développement. Mêlant mobilité et taille miniature, cette microcapsule ne présente aucun des défauts des techniques utilisées jusque-là. 

    Mais avant de la retrouver dans les cliniques, il faudra encore la tester sur un être humain. Car les essais ont été concluants... dans un réservoir d'eau. Les chercheurs ont beau être optimistes, ces petits robots ne se promèneront pas de sitôt dans notre côlon à la recherche d'une tumeur.