Le débat sur les statines continue. Après la publication du livre-choc de Philippe Even attaquant leur efficacité, une équipe de cardiologues occupe à son tour le devant de la scène. Selon leur étude observationnelle, l’arrêt des statines serait responsable d’environ 5.000 accidents cardiovasculaires et de 1.200 décès par an en France. La controverse est loin d’être terminée…

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    Dans son ouvrage sorti en février 2013 et intitulé La vérité sur le cholestérol, Philippe Even tirait à boulets rouges sur les statines, des médicaments hypocholestérolémiantshypocholestérolémiants prescrits à trois millions de Français souffrant d'un surplus de cholestérol. Selon lui, ces médicaments seraient tout simplement inutiles et enrichiraient les industries pharmaceutiques.

    Cinq cardiologuescardiologues ont voulu évaluer les effets d'une telle polémique. Leur objectif était d'estimer le nombre de patients prêts à arrêter les statines contre l'avis médical. Ainsi, quelques semaines après la sortie du livre, ils ont questionné 142 patients (37 en préventionprévention primaire et 105 en prévention secondaire) sur leur volonté de suspendre leur traitement. Leurs résultats, publiés dans la revue Archives of Cardiovascular Diseases, montrent que 24 % des personnes en prévention primaire et 8 % en prévention secondaire souhaitent en finir avec les statines. En extrapolant ces résultats, les médecins concluent qu'environ 5.000 accidents cardiovasculaires majeurs et 1.200 décès par an seraient dus à l'arrêt des statines.

    Le cholestérol est transporté dans le sang par des protéines : les lipoprotéines à faible densité (LDL), appelées « mauvais cholestérol » car responsables du dépôt de cholestérol dans les artères, et les lipoprotéines à haute densité (HDL) dites « bon cholestérol » qui transportent le cholestérol vers le foie où il est dégradé. © RedAndr, Wikimedia, GFDL 1.2

    Le cholestérol est transporté dans le sang par des protéines : les lipoprotéines à faible densité (LDL), appelées « mauvais cholestérol » car responsables du dépôt de cholestérol dans les artères, et les lipoprotéines à haute densité (HDL) dites « bon cholestérol » qui transportent le cholestérol vers le foie où il est dégradé. © RedAndr, Wikimedia, GFDL 1.2

    Les statines, des médicaments qui sauvent des vies ?

    Ces chiffres illustrent combien la controverse sur les statines peut influencer les décisions des patients. Jean Ferrières, cardiologue au CHU de Toulouse, reconnaît cependant que cette étude, basée sur les déclarations des patients, n'a pas la force d'un essai clinique. Selon lui, l'efficacité des statines n'est plus à prouver. « Depuis 25 ans, la mortalité cardiovasculaire a chuté de 50 % en Europe. L'ensemble de la communauté internationale s'accorde à dire que cette baisse est due à trois principaux médicaments : l'aspirine, les inhibiteurs de l'enzyme de conversioninhibiteurs de l'enzyme de conversion qui limite les risques d'hypertension et les statines. »

    Il insiste et revient sur d'autres résultats déterminants, publiés dans la revue Cochrane au début de l'année 2013. Selon cette recherche, l'utilisation des statines en prévention primaire permettrait de baisser de 14 % la mortalité cardiovasculaire. « Du point de vue scientifique, les conclusions de ce travail démontrent le rôle des statines dans la prévention contre ces pathologiespathologies ».

    Au-delà des conséquences pour la santé publique, Jean Ferrières s'inquiète de l'effet de cette polémique sur la relation entre les médecins et leurs patients. « Certains patients viennent nous consulter et nous disent qu'ils refusent de prendre des statines. Ils sont parfois convaincus que nous leur donnons des produits dangereux pour la santé. C'est toute notre crédibilité de médecin qui est en jeu. » Reste à savoir ce que Philippe Even a à leur répondre...