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Dans le sang circulent de nombreuses molécules, dont certaines pourraient avoir un intérêt particulier : leurs taux pourraient déceler les premières traces de la maladie d’Alzheimer. © Jim Gathany, CDC, DP
Aujourd'hui, la maladie d’Alzheimer concerne 35 millions de personnes. Et encore, une étude récente affirme qu'on sous-estime la réalité. Les prévisions estiment même que ce chiffre passera à 115 millions en 2050. Or, les traitements existants sont pour l'heure inefficaces, la faute selon certains au fait qu'ils sont utilisés trop tard, une fois la démence déclarée, alors qu'ils pourraient avoir un impact plus fort s'ils étaient administrés plus tôt.
Mais comment anticiper la neurodégénérescence ? Différents tests ont été mis au point, par prélèvement de la moelle épinière à la recherche de bêta-amyloïdesbêta-amyloïdes ou de protéine Tau dans le liquide céphalorachidien, ou encore par imagerie médicale spécialisée. Mais ces méthodes manquent de précision et génèrent douleurs ou gênes. Alors il faut trouver mieux, et surtout plus simple.
La quête de biomarqueurs sanguins n'avait pour l'instant rien révélé de déterminant. Cette fois, Howard Federoff, du centre médical universitaire Georgetown, à Washington, est le leader d'une étude semblant souligner l'intérêt d'une dizaine de biomarqueurs sanguins permettant de prédire les risques d’Alzheimer avec une précision de l'ordre de 90 %.
Des biomarqueurs sanguins d’Alzheimer
Les scientifiques ont recruté 525 septuagénaires, dont aucun ne présentait la démence au début de l'étude. Une fois par an durant 5 ans, ils devaient participer à des tests cognitifs et de mémoire afin de tester leurs capacités intellectuelles, en même temps que quelques gouttes de sang leur était prélevées.
Avec 35 millions de personnes concernées aujourd’hui, la maladie d’Alzheimer constitue l’une des maladies les plus étudiées, car son incidence devrait en plus être amenée à se démultiplier dans les décennies à venir. © Jean-Marie Huet, Flickr, cc by nc sa 2.0
Au cours de l'expérience, 74 sujets étaient suspecté d'être atteints de troubles cognitifs légers, une condition parfois annonciatrice de la maladie d'Alzheimer. Quelque 53 d'entre eux ont alors fait l'objet d'investigations plus poussées, et leurs profils ont été comparés à ceux de 53 septuagénaires en bonne santé. En réalité, seuls 18 de ce premier échantillon ont réellement déclaré la démence.
Les analyses révèlent des anomaliesanomalies dans les concentrations sériques en 10 phospholipidesphospholipides, anormalement basses. Peut-on considérer ces marqueurs sanguins comme fiables ? Pour s'en assurer, 41 personnes supplémentaires ont été scrutées, et les analyses révèlent que ces moléculesmolécules impliquées dans le maintien des membranes plasmiquesmembranes plasmiques, dans le soutien des neurones ou des processus énergétiques constituent des biomarqueurs efficaces dans 90 % des cas. Une précision jusqu'alors jamais atteinte.
Tester de nouveau l’efficacité des traitements contre la démence
Ces résultats publiés dans Nature Medicine sont plutôt bien accueillis par la communauté scientifique. Certains espèrent même s'en servir pour remonter plus loin dans le temps et prédire les démences une voire deux décennies à l'avance.
Cependant, cette démarche demande à être répétée à plus large échelle, car les effectifs utilisés sont trop faibles pour imaginer quelque extrapolation. La maladie d'Alzheimer constitue un trouble existant sous une grande diversité de formes, et peut-être que les biomarqueurs ne se révèlent pas aussi efficaces pour tout le monde.
Si ces résultats venaient à être confirmés, les scientifiques s'en serviraient pour trouver de nouveaux sujets afin de tester plus tôt les médicaments et ainsi évaluer leur efficacité en préventionprévention de la neurodégénérescence.