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Décrite pour la première fois au début du XXe siècle, la maladie d’Alzheimer s'est peu à peu installée dans la société. Selon l'Inserm, 860.000 Français étaient touchés par cette pathologie en 2010, un chiffre qui devrait progresser rapidement avec le vieillissement de la population. Elle représente aujourd'hui un défi de santé publique majeur contre lequel les scientifiques cherchent désespérément des solutions.
La maladie d'Alzheimer se caractérise par l'accumulation excessive de certaines protéines dans le cerveau. La bêtabêta-amyloïde s'entasse peu à peu et forme des structures appelées plaques amyloïdes ou plaques séniles. Ces agrégats apparaissent naturellement avec le vieillissement mais sont présents en quantité beaucoup plus élevée chez les malades d'Alzheimer. Une autre protéine, nommée Tau, s'amasse à l'intérieur des neurones ce qui conduit peu à peu à leur dégénérescence.
Sur cette image, on peut observer une synapse, c’est-à-dire la région de contact entre deux neurones. C’est à ce niveau que sont libérées des vésicules qui transportent des neurotransmetteurs d’un neurone à l’autre. La protéine NLG1, dont la synthèse est diminuée au cours de la maladie d’Alzheimer, participe à l’adhésion des vésicules au niveau du neurone postsynaptique. © Graham Johnson Medical Media, Boulder, Colorado
Au fur et à mesure des années, les chercheurs ont pu éclaircir certains des mécanismes de la maladie d'Alzheimer. Dans une étude récente par exemple, une équipe états-unienne a identifié la zone du cerveau à l'origine de cette pathologie. Cependant, de nombreuses questions restent encore sans réponse et aucun traitement miracle n'existe pour le moment. Le corps médical et l'entourage des malades sont donc pour l'instant sans ressources face au déclin cognitif irrémédiable qui découle de cette pathologie.
Le réseau synaptique perturbé
Bien que les médecins connaissent depuis longtemps l'effet de la maladie d'Alzheimer sur la mémoire, les raisons de cette association étaient jusqu'ici assez obscures. Des chercheurs de la Cleveland Clinic Foundation (États-Unis) viennent d'éclaircir le mystère. Leurs travaux, publiés dans la revue Nature Neuroscience, ont conduit à la découverte d'une protéine jouant un rôle important dans la disparition des souvenirs chez les individus souffrant d'Alzheimer.
Lors de la formation des plaques amyloïdesplaques amyloïdes, une réaction inflammatoire se produit dans le cerveau des malades. Cette réponse immunitaireréponse immunitaire excessive s'accompagne de modifications dans l'expression de certains gènesgènes au niveau des cellules nerveuses. En utilisant des méthodes complexes de biochimiebiochimie et de neurologieneurologie chez la souris, les chercheurs ont analysé ce mécanisme de plus près. Ils se sont particulièrement intéressés au gène codant pour la neuroligine 1 (NLG1), une protéine bien connue pour son rôle dans la mémoire. Présente au niveau des synapses excitatrices, les régions de contact entre deux neurones, elle participe à l'adhésion des vésicules gorgées de neurotransmetteurs au niveau de la zone postsynaptique.
Une nouvelle piste de traitement
Leur analyse montre que le gène Nlg1 subit des modifications épigénétiques, et plus particulièrement des méthylationsméthylations, à la suite de l'inflammationinflammation déclenchée par la formation des plaques séniles. Ces altérations affectent son expression, diminuent la quantité de protéines NLG1 au niveau des synapsessynapses et réduisent la circulation des informations nerveuses dans le cerveau. En d'autres termes, la réaction immunitaire qui se produit chez les personnes atteintes d'Alzheimer perturberait leur réseau synaptique et diminuerait leurs capacités de mémorisation.
Dans une étude précédente, la même équipe avait identifié un composé, le MDA7, pouvant limiter l'inflammation au niveau du cerveau chez la souris. Leurs données montraient une amélioration de la plasticité synaptique et des fonctions cognitives chez les rongeursrongeurs malades ayant reçu ce médicament. Dans le futur, les scientifiques veulent le tester chez l'Homme. De nombreuses recherches restent à entreprendre mais ces résultats encourageants rapprochent un peu d'un remède contre cette maladie pernicieuse. « Alzheimer est une maladie compliquée que les chercheurs étudient sous différents angles, explique Mohamed Naguib, le directeur de l'étude. Notre découverte pourrait conduire à l'élaboration de nouveaux moyens de préventionprévention et de traitements. »