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Des chercheurs ont rendu une souris plus intelligente que la normale, en manipulant un seul gène. © Mike P, Flickr, CC by nc 2.0
Souvent, les scientifiques utilisent des souris comme modèle animal pour l'étude de maladies humaines. Mais ici, des chercheurs en ont manipulé pour les rendre plus intelligentes que la moyenne... Et ceci a été possible en agissant sur un seul gène : celui de la phosphodiestérase PDE4B.
PDE4B est une enzymeenzyme présente dans de nombreux organes des vertébrésvertébrés, y compris le cerveau. De manière générale, les phosphodiestérases jouent des rôles dans plusieurs aspects fondamentaux de la fonction cérébrale : l'apprentissage, la mémoire et les fonctions cognitives supérieures. PDE4B est une phosphodiestérase importante dans la formation de l'hippocampehippocampe, associé à la mémoire, et un gène à risque pour des maladies psychiatriques.
Dans un article paru dans la revue Neuropsychopharmacology, des chercheurs anglais et canadiens expliquent qu'ils ont bloqué l'enzyme PDE4B de souris. Ils ont ensuite fait passer une série de tests aux souris ainsi modifiées et trouvé qu'elles apprenaient plus vite, se souvenaient d'événements plus longtemps et résolvaient des problèmes complexes, mieux que ne le faisaient des souris normales. Par exemple, ces souris savaient mieux en reconnaître une vue la veille et apprenaient plus vite la localisation d'une plateforme cachée dans le test du labyrinthe de Morris. La neurogenèse et la cognition étaient stimulées chez ces souris.
Ces travaux permettraient de mettre au point des médicaments pour des pathologies cérébrales. © Allan Ajifo, aboutmodafinil.com, Flickr, CC by 2.0
Des souris moins anxieuses avec des comportements à risque
Les souris modifiées souffraient aussi moins d'anxiété : elles exploraient plus, passaient plus de temps dans des espaces ouverts et éclairés, par rapport à des souris normales qui préféraient les espaces sombres et fermés. Alors que les souris sont naturellement effrayées par les chats, les souris modifiées montraient moins de crainte vis-à-vis de l'urine du félinfélin : l'inhibition de PDE4B pourrait donc augmenter les comportements à risque, ce qui serait plutôt un inconvénient pour une souris sauvage...
Enfin, par rapport à des souris normales, celles qui ont été modifiées se rappelaient moins un événement effrayant après plusieurs jours. La mémoire de la peur était intacte à 24 heures, mais diminuait à sept jours et cet effet a été reproduit avec un inhibiteur de l'enzyme. Cette observation est particulièrement intéressante, car elle pourrait être utilisée chez l'Homme pour le traitement du stress post-traumatique.
Comme PDE4B existe aussi chez l'Homme, ces résultats pourraient trouver de nombreuses applicationsapplications pour le traitement de maladies cérébrales ou du déclin cognitif dû à l'âge. L'équipe travaille désormais au développement de médicaments qui inhiberaient l'enzyme et qui pourraient être utilisés pour des maladies comme Alzheimer, la schizophrénie et le stress post-traumatiquestress post-traumatique. En définitive, cette souris surdouée a beaucoup à nous apprendre...