Des chercheurs français ont identifié des bactéries intestinales qui améliorent la réponse à l'immunothérapie et diminuent un effet secondaire du traitement, la colite inflammatoire. Des applications sont envisagées pour reconstituer une flore intestinale qui favorise l’effet antitumoral de l’immunothérapie.

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    « Certaines bactéries naturellement présentes dans la flore intestinale sont en train de devenir des piliers du succès d'une immunothérapie en oncologie clinique », commente le professeur Laurence Zitvogel, directrice du laboratoire Immunologie des tumeurs et immunothérapie contre le cancercancer (institut Gustave roussy, Inserm, université Paris-Sud) et co-auteur d'une récente publication parue dans Science.

    Le rôle de deux bactéries de la flore intestinale dans l'augmentation de l'efficacité d'une immunothérapie par anticorpsanticorps anti-CTLA4 (IpilimumabIpilimumab) et dans l'amélioration de certains effets secondaires vient d'être démontré par l'équipe du professeur Laurence Zitvogel, secondée par les équipes du docteur Mathias Chamaillard, de l'Institut Pasteur de Lille, du docteur Ivo Gomperts Boneca, de l'Institut Pasteur de Paris, et du docteur Patricia Lepage, de l'Inra.

    Les chercheurs ont montré que lorsque la flore intestinale était dépourvue des deux bactéries identifiées, soit chez des souris sans germegerme soit après traitement antibiotique à large spectrespectre et traitées avec l'Ipilimumab, le médicament n'était plus efficace contre la tumeur. La colonisation de la flore intestinale par l'une ou l'autre de ces bactéries est nécessaire et suffisante pour restaurer l'effet de l'anticorps monoclonalmonoclonal et améliorer la symptomatologie de la colitecolite inflammatoire chez ces souris.

    Des bactéries de la flore intestinale limiteraient la colite inflammatoire liée à l'immunothérapie. © AJ Cann, Flickr, CC by-sa 2.0

    Des bactéries de la flore intestinale limiteraient la colite inflammatoire liée à l'immunothérapie. © AJ Cann, Flickr, CC by-sa 2.0

    Des bactéries de la flore intestinale comme médicaments

    La pertinence de ces informations a aussi été recherchée chez l'homme avec succès. Les équipes du professeur Caroline Robert, chef du service de dermatologie à Gustave Roussy, et du professeur Franck Carbonnel, chef du service de gastrogastro-entérologie à l'hôpital Bicêtre, AP-HPHP, ont débuté un essai cliniqueessai clinique afin de démontrer la pertinence de ces informations chez des patients souffrant de mélanome.

    Ainsi, l'analyse de la flore intestinale de patients souffrant d'un mélanomemélanome métastatiquemétastatique après traitement à l'Ipilimumab a permis de montrer l'importance de ces bactéries immunogènes dans la sensibilité au traitement et la diminution tumorale. Ces résultats suggèrent l'intérêt de considérer les bactéries immunogènes comme des traitements adjuvantsadjuvants en oncologie.

    « En parallèle de nos travaux, une équipe américaine est arrivée aux mêmes conclusions sur le rôle d'autres bactéries dans l'efficacité de l'anticorps anti-PD1, le nivolumab », ajoute le professeur Laurence Zitvogel qui précise que ces travaux montrent que le microbiotemicrobiote dicte la réponse thérapeutique, ce qui ouvre des perspectives intéressantes de traitement. Ainsi, on pourrait proposer à des patients dont la flore intestinale est peu favorable, une composition bactérienne compensatrice par des prébiotiquesprébiotiques, par des bactéries immunogènes issues de la flore intestinale, ou bien encore par une transplantationtransplantation fécale. Mais il existe actuellement en France un flou réglementaire quant à la transformation des flores intestinales en médicaments qui pourraient devenir des adjuvants thérapeutiques en oncologie avec l'aide des législateurs et des agences réglementaires.

    Ces travaux de recherche ont été menés conjointement par des chercheurs français de Gustave Roussy, de l'Inserm, de l'Institut Pasteur de Lille et Paris, de l'AP-HP et de l'université Paris-Sud, en collaboration avec une équipe de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique). Ils ont principalement été soutenus financièrement par la Fondation ARC pour la recherche contre le cancer.