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Les agriculteurs présentent un risque accru de maladie de Parkinson. Une nouvelle étude de l'université de Guelph parue dans FASEB Journal propose une explication cellulaire. Les chercheurs se sont intéressés au paraquatparaquat, un herbicide interdit en Europe, et au manèbe, un fongicidefongicide. Ils ont utilisé des cellules souches de patients qui avaient une mutation du gène de l'alpha-synucléine qui favorise la maladie de Parkinson (SNCA-A53T). Ils ont aussi introduit cette mutation par édition génomiqueédition génomique dans des cellules souches embryonnaires.
À partir des cellules souches, les chercheurs ont généré des neurones à dopaminedopamine, les cellules affectées dans la maladie de Parkinson, et les ont exposés aux pesticidespesticides. Dans les cellules exposées aux pesticides, les mitochondries, les usines énergétiques de la cellule, ne pouvaient pas aller là où elles auraient dû, si bien que les neurones manquaient de carburant pour fonctionner.
Une personne prédisposée à Parkinson est plus sensible aux pesticides
Les pesticides bloquent le transport habituel des mitochondriesmitochondries par les microtubules. De manière générale, dans la maladie de Parkinson, les mitochondries des neurones dopaminergiques de la substance noiresubstance noire du cerveaucerveau ne fonctionnent pas correctement. C'est pourquoi des moléculesmolécules toxiques pour les mitochondries pourraient favoriser la maladie de Parkinson.
Enfin, lors des expériences, les cellules mutées étaient affectées avec de faibles doses de produits. Il faudrait plus de pesticide pour qu'il y ait un impact sur un neurone normal. Dans un communiqué, Scott Ryan, professeur à l'université de Guelph, en conclut : « Les personnes prédisposées à la maladie de Parkinson sont plus touchées par ces expositions à de faibles concentrations de produits agrochimiques et sont donc plus susceptibles de développer la maladie. »
Un pesticide favorise l’apparition de la maladie de Parkinson
Article de Claire PeltierClaire Peltier paru le 1er juillet 2010
La deuxième maladie neuro-dégénérative la plus répandue, la maladie de Parkinson, serait favorisée par l'utilisation de pesticides de type DDTDDT. Une étude de l'Inserm a en effet montré que les agriculteurs sont plus touchés que les autres corps de métiers, mais la génétiquegénétique aussi y mettrait son grain de sel.
La maladie de Parkinson est une maladie neuro-dégénérative très répandue (243 cas sur 100.000 personnes en moyenne et jusqu'à 2.355 cas sur 100.000 pour les personnes âgées de 80 à 84 ans). Elle se caractérise par des tremblements incontrôlables des membres, une lenteur des mouvementsmouvements et une raideur. Si les causes de la maladie sont encore mal connues, les pesticides sont soupçonnés depuis longtemps d'avoir une responsabilité. Une étude de l'Inserm publiée dans le journal Archives of Neurology le démontre enfin.
L'étude a porté sur le lien entre la maladie de Parkinson et deux autres facteurs : l'utilisation de pesticides de type organochlorés comme le DDT qui est interdit en France depuis 1973, mais aussi le polymorphisme du gène ABCB1. Ce gène code pour une protéineprotéine appelée transporteur, et qui a pour fonction de transporter des molécules à travers les membranes cellulairesmembranes cellulaires. ABCB1 est notamment impliqué dans la défense de l'organisme face à des produits toxiques. Si les deux versions (allèleallèle) du gène sont mutées, sa fonction peut être altérée, alors que la possession d'au moins un allèle sauvage permet une bonne efficacité de la protéine.
Les chercheurs ont fait participer 224 personnes atteintes de la maladie, et 557 personnes non malades, de même âge et de même sexe, habitant le même département et tous affiliésaffiliés à la Mutualité Sociale Agricole. Les archives des dossiers médicaux ont pu être consultées, mettant en lumièrelumière des détails sur l'exposition de ces personnes aux pesticides : quel type, à quelle fréquence et à quelle dose. Les chercheurs ont pu inclure ces précieuses informations dans l'étude.
Bien que la découverte des propriétés insecticides du DDT aient permis à Paul Hermann Müller d'être le lauréat du prix Nobel de médecine en 1948, le DDT est aujourd'hui considéré comme toxique et son utilisation est interdite en Europe. Crédits DR.
DDT et polymorphisme : un cocktail détonnant
D'après les résultats, dans la population non exposée aux pesticides organochlorés, les chercheurs n'ont pas pu mettre en évidence une différence de prédispositionprédisposition à la maladie de Parkinson en fonction du polymorphisme du gène ABCB1. Par contre, l'exposition au DDT augmente par 2 les risques de développer la maladie, même en possédant des allèles normaux du gène ABCB1.
De plus, grâce à l'observation de 101 hommes atteints de la maladie et de 234 hommes contrôles, les chercheurs ont pu montrer qu'en cas d'exposition aux pesticides organochlorés, le développement de la maladie survient 3,5 fois plus souvent sur les patients munis des deux allèles polymorphiques que ceux qui possèdent les allèles normaux. L'exposition aux molécules chimiques toxiques, associée à la déficience du transporteur ABCB1 à les éliminer, serait donc un cocktail favorisant le développement de la maladie de Parkinson.
Le DDT a donc clairement un rôle dans le développement de la maladie de Parkinson, même si l'implication d'autres pesticides n'est pas à exclure. Le problème actuel consiste en la contamination durable des sols par le DDT, qui continue malheureusement d'exposer la population à ce produit toxique.