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Pour nous les humains, c'est inéluctable : les enfants sont toujours moins âgés que leurs parents. D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement ? Nos cellules se divisent et, avec l'âge ainsi que les erreurs et défauts accumulés, finissent par vieillir, perdent en efficacité et meurent. Or, chez les levureslevures, et d'autres unicellulaires adeptes de la reproduction asexuée, cela ne relève pas toujours de l'évidence. Ces champignonschampignons microscopiques sont confrontés aux mêmes phénomènes de sénescence, mais ils ont développé des stratégies pour éviter de décliner.
En règle générale, la division cellulaire grâce à laquelle les levures se reproduisent n'est pas parfaitement symétrique. L'une des deux cellules filles récupère la majorité des marqueurs du vieillissement, comme des agrégats de protéines HSP104, ce qui se traduit par un allongement du temps de division et une probabilité plus importante de mourir. La seconde, elle, ne porteporte pas ces défauts, et donne vite naissance à une génération suivante selon le même processus, ce qui permet de produire sans cesse des individus jeunes et en bonne santé.
Mais une équipe internationale de chercheurs, affiliésaffiliés à l'université de Bristol ou l'Institut Max-Planck, vient de montrer qu'il existe une autre stratégie chez la levure Schizosaccharomyces pombe (S. pombe) qui n'avait jamais été observée auparavant. Dans des conditions favorables, elle est capable de donner naissance à deux cellules filles ayant plus de propension à rester jeunes.
La levure S. pombe est en forme de bâtonnet arrondi à ses extrémités, et se scinde en deux par une fission en son milieu. © David O Morgan, Wikipédia, DP
Des levures qui détiennent le secret de la cure de jouvence ?
Les chercheurs, dirigés par Iva Tolić-Norrelykke, ont fait pousser des colonies de ce modèle eucaryote du vieillissement à partir d'une seule cellule. Placées dans des conditions idéales de développement, S. pombe fissionne en deux cellules qui survivent plus fréquemment et se divisent toujours aussi vite, preuve que la génération suivante se porte bien et qu'aucun des membres n'affiche les stigmates de la sénescence. Dans ce cas de figure, la division est symétrique, chaque cellule fille recevant les mêmes éléments.
En revanche, lorsque les levures ont été exposées à des rayons ultravioletsultraviolets, et donc soumises à un stress, le partage redevient inéquitable et l'une d'entre elles est défavorisée, recevant les agglomérats de protéines HSP104 et en payant la conséquence avec une mort précoce. Voilà ce qui est expliqué dans la revue Current Biology.
Tous les mécanismes impliqués ne sont pas encore élucidés par les auteurs. Mais ce type de recherche pourrait déboucher sur des applicationsapplications humaines pour inverser le vieillissement de certaines de nos cellules. Il y a sûrement encore beaucoup à apprendre de ces champignons.