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Le diamant mandarin (Taeniopygia guttata), sujet de l'expérience sur les télomères, se reproduit et s'élève facilement en captivité. Il est également utilisé dans la cadre de recherches en neurosciences car il est capable d'apprendre un langage, tout comme l'Homme. © Peripitus, Wikipedia commons, CC-BY-SA-2.5
Les chromosomes sont protégés à leurs extrémités par des télomères, séquences d'ADN répétitives ne codant pour aucune information. Les télomères évitent l'effilochage des chaînes d'acide désoxyribonucléiqueacide désoxyribonucléique et la fusionfusion des chromosomes entre eux. Ils jouent un rôle essentiel pour la survie des cellules et leur longueur diminue à chaque division cellulaire. De trop petites coiffes protectrices peuvent provoquer une sénescence des cellules. Plusieurs maladies de vieillissement prématuré (tels que le syndrome de Zinsser-Engman-Colea) et cancers seraient liés à la présence de télomères de petites tailles.
Des hypothèses ont été formulées sur la relation liantliant la longueur des télomères à la duréedurée de vie des organismes. Certaines entreprises en ont même tiré avantage en proposant au public de prédire leur espérance de vie à partir de quelques échantillons biologiques. Pourtant, rien n'a été prouvé scientifiquement. Les travaux de recherche menés jusqu'à présent se sont souvent limités à faire un ou deux prélèvements durant une petite période de la vie des espècesespèces étudiées.
Pour combler cette lacune, Pat Monaghan et son équipe, de l'université de Glasgow, ont régulièrement mesuré la longueur des télomères chez 99 diamants mandarins (Taeniopygia guttata) entre leur éclosion et leur décès. Ce petit oiseauoiseau australien vit bien en captivité et présente une espérance de vieespérance de vie de 9 ans. Il représente donc des organismes capables de vivre longtemps (à l'inverse des souris) mais dont l'étude d'une vie complète prend moins d'une décennie. Les résultats sont publiés dans la revue Pnas.
Les télomères (en rouge) protègent l'extrémité des chromosomes. Leur taille, qui diminue à chaque division cellulaire, joue un rôle dans diverses maladies ou cancers. Ils font donc l'objet de nombreuses recherches. © UBC, Université de la Colombie britannique
Longs télomères, longue vie ?
Pour tous les stades de vie étudiés, une corrélation positive a été trouvée entre la longueur des télomères et la longévité des oiseaux. Le lien le plus fort a été observé 25 jours après la naissance des volatiles. À ce stade, la longueur des télomères semble un bon indicateur de la ligne de vie des diamantsdiamants mandarins... Cette étude est la première du genre à associer une valeur prédictive - mais non chiffrée - à la longueur des télomères.
Peut-on appliquer les résultats à l'Homme ? L'auteur précise que non. À 25 jours, les oiseaux ont presque totalement fini leur développement, bien qu'ils soient sexuellement immatures et toujours nourris par leurs parents. Les humains continuent leur croissance après avoir acquis leur maturité sexuelle. De plus, l'Homme vit plus longtemps et dans des environnements plus variables.
Les chercheurs souhaitent maintenant comprendre les facteurs régissant la longueur des télomères durant les premiers stades de vie. Ils comptent notamment déterminer les rôles joués par l'hérédité et l'environnement. Il a déjà été montré que le stressstress et le tabagisme pouvaient causer un raccourcissement des télomères.
Ces résultats valident ainsi certaines théories sur la signification de la longueur des télomères. Ils ne font état d'aucune relation de cause à effet. Un long télomère n'influence pas la durée de vie. Il informe juste sur la probabilité de vivre longtemps.