au sommaire


    Claudine André est Africaine de cœur. Elle aime l'Afrique, son art et les espècesespèces qui la peuplent. Une passion se précise à l'arrivée de Mikeno, un bébé bonobobonobo avec peu de chance de survie. C'est le début d'une grande histoire : Mikeno sera sauvé, et bien d'autres le seront aussi après lui.

    Claudine André avec de jeunes bonobos. © Claudine André, <em><a target="_blank" href="http://www.lolayabonobo.org/">Lola Ya Bonobo</a>, </em>tous droits réservés
    Claudine André avec de jeunes bonobos. © Claudine André, Lola Ya Bonobo, tous droits réservés

    « Enfant, je suis arrivée au Congo dans les valises de mon père, qui était vétérinairevétérinaire. Il m'a donné la chance de découvrir l'harmonie avec la nature, l'équilibre entre la terre, les hommes et les animaux. »

    Claudine André est la fondatrice et présidente de « Lola Ya Bonobo » (« Le paradis des bonobos » en lingala, la langue locale), un sanctuaire pour bonobos en République démocratique du Congo (RDC). Belge de nationalité, mais Africaine dans l'âme, elle a été élevée parmi les animaux et la savane par un père vétérinaire. Ayant côtoyé Dian Fossey, les gorillesgorilles et les volcansvolcans pendant de longues années, elle s'est forgé un caractère dynamique et un amour encore plus grand pour la faunefaune. Passionnée d'art africain, toujours à la recherche d'objets rares, elle tient d'abord une boutique de luxe tout en s'occupant de ses cinq enfants. La guerre civile et les pillages qui ravagent le pays à la fin des années 1990 mettent fin à ses activités commerciales. En 1993, un bébé bonobo change la vie de Claudine pour toujours : Mikeno est déposé au zoo de Kinshasa, où elle travaille comme volontaire. La direction du zoo met Claudine en garde : il a peu de chances de survie. Mais Claudine relève le défi et s'attache à le sauver. C'est ainsi qu'elle se jette dans une aventure qui ne s'est plus arrêtée.

    Après Mikeno, d'autres surviennent, de plus en plus nombreux. En 1998, le « Sanctuaire-Nursery » est créé sur le campus de l'école américaine de Kinshasa (Tasok), où il reste pendant les quatre années de guerre. En 2002, avec 20 bonobos à sa charge, Claudine déménage dans 35 hectares de forêt à la périphérie de Kinshasa : Lola ya Bonobo est né.

    Le sanctuaire <em>Lola Ya Bonobo</em> est un paradis pour les bonobos. © DR
    Le sanctuaire Lola Ya Bonobo est un paradis pour les bonobos. © DR

    Entourée d'une remarquable équipe, Claudine voit son influence et sa réputation s'étendre bien au-delà du sanctuaire, à travers tout le Congo. Elle travaille inlassablement à l'éducation des populations congolaises pour leur faire découvrir, aimer et respecter les bonobos, cet héritage unique et propre à la RDC, ces singes si proches de l'homme et si précieux, et pour leur faire réaliser la cruauté de la chasse et les risques sanitaires de la consommation de viande de brousse. La réputation de Claudine ne s'arrête pas aux frontières du pays. Pilier de l'association, elle s'occupe aussi bien des bonobos que de toute la logistique et de l'organisation du sanctuaire. Femme de tête, elle est l'interlocutrice privilégiée pour les organismes gouvernementaux et internationaux s'occupant de la protection des primatesprimates. Elle est actuellement la seule femme conservatrice et fonctionnaire d'Afrique.

    En 2006, elle reçoit le prix Prince Laurent pour l'Environnement de la Belgique et l'ordre national du Mérite de la France. Inlassable, elle fait régulièrement des conférences à travers le monde pour faire connaître le bonobo et alerter l'opinion publique pour sa protection avant qu'il ne soit trop tard.

    Un jeune orphelin, nommé Lomela, est réconforté par un autre bonobo. © DP
    Un jeune orphelin, nommé Lomela, est réconforté par un autre bonobo. © DP

    Un documentaire sorti en 2011 et intitulé « Bonobos » raconte l'histoire vraie et émouvante du retour d'un jeune bonobo appelé Béni, à la vie sauvage. À travers son histoire, le réalisateur Alain Tixier retrace le travail de Claudine André pour protéger l'espèce la plus proche de l'Homme sur Terre. La mission de Lola Ya Bonobo est d'assurer le bien-être et la protection des bonobos qui lui sont confiés et l'éventuelle réhabilitation de ces derniers. 

    L’éducation du public, une arme contre le trafic de bonobos

    L'éducation du plus large public est un élément essentiel de la stratégie de protection du bonobo. La plupart des pensionnaires sont confiés par le ministère de l'Environnement congolais après leur saisie auprès de trafiquants, ou remis volontairement par leurs prétendus « propriétaires » lorsqu'ils apprennent que le commerce et la détention des bonobos sont illégaux. Souvent mutilés pour des pratiques et potions magiques, les bonobos sont extrêmement fragiles et leur survie dépend du traitement rigoureux et rapide de leurs pathologiespathologies réelles ou suspectées. La prise en charge psychologique des bébés orphelins est tout aussi cruciale. Pour combattre leur stress, les petits sont immédiatement confiés à une maman (humaine) de substitution, qui leur donne tout l'amour et le réconfort dont ils ont besoin pour survivre. À l'âge de cinq ou six ans, si les petits sont en assez bonne condition physique et en confiance, ils sont introduits dans l'un des groupes d'adolescents et d'adultes.

    Claudine André et un jeune bonobo. © DP
    Claudine André et un jeune bonobo. © DP

    La vente et la détention des bonobos sont illégales. Sans un sanctuaire où recueillir les bébés bonobos - rendus orphelins lorsque leurs mères sont tuées pour leur viande, et confisqués par les inspecteurs de l'environnement alors que les braconniers essayent de les vendre comme animaux de compagnie - il serait impossible de faire respecter cette loi.

    Les sanctuaires ont aussi une vocation pédagogique envers les populations locales, en particulier les populations urbaines, principales consommatrices de viande de brousse. Si les sanctuaires peuvent permettre aux populations locales de mieux connaître les bonobos, de les apprécier comme les animaux rares et merveilleux qu'ils sont, peut-être la demande de viande de brousse ira-t-elle en décroissant.

    Lola Ya Bonobo représente surtout l'histoire d'une femme hors du commun, qui se considère comme Congolaise malgré ses cheveux roux et ses yeuxyeux bleus, d'une passion pour l'Afrique, de la paupérisation inexorable d'un pays et, surtout, d'une « tendresse sauvage » pour ces petits primates que sont les bonobos.