La jussie est une plante envahissante. © poil0do, Flickr CC by sa 2.0

La jussie est une plante envahissante. © poil0do, Flickr CC by sa 2.0

La jussie ou Ludwigia, est une plante aquatique, provenant d'Amérique du Sud ou du sud des États-Unis qui fut introduite en France entre 1820 et 1830 pour décorer des bassins d'agréments et des aquariums.

Elle appartient à la famille des oenothéracées ou onagracées avec deux espèces : la Ludwigia grandiflora ou Ludwigia urugayensis et la Ludwigia peploides ou Jussiaea repens, elles ont des caractéristiques et propriétés semblables. Elle est devenue un redoutable envahisseur des milieux naturels humides et aquatiques calmes. Depuis le début des années 1990 dans l'ouest, sa prolifération s'est étendue vers le Nord, envahissant les lieux humides calmes jusqu'au-delà de la frontière belge.

Il existe d'autres espèces de Ludwigia en France, la Ludwigia palustris ou Ludwigia des marais qui est une petite plante vivace basse ; ses tiges et ses feuilles sont teintées de rouge et elle produit de minuscules fleurs verdâtres sans pétales mais ne comporte aucun risque invasif. Il est fortement recommandé de ne pas utiliser la jussie comme plante ornementale en raison des risques de prolifération et de propagation incontrôlables.

Jussie en fleur. © DR

Jussie en fleur. © DR

Description de la jussie

Elle produit de longues tiges, pratiquement glabres, qui se développent horizontalement dans l'eau, sur l'eau ou même la boue. Des racines spongieuses se développent sur les tiges immergées. Les feuilles aiguës ou elliptiques, alternes sont rattachées à la tige par un court pétiole.

La floraison, longue, débute en été, ses grandes fleurs (5 cm de diamètre) de couleur jaune lumineux sont spectaculaires. Le calice comporte 5 sépales qui persistent après la chute des pétales. Les 5 pétales veinés sont rétrécis à leur base qui est teintée d'orangé. Dix étamines sont dépassées par un long.

Les fleurs sont solitaires et partent de l'aisselle des feuilles supérieures ; la tige florale est droite et peut s'élever de 20 à 100 cm au-dessus de la surface.

Le fruit est une capsule cylindrique. Les graines sont très petites.
Sa reproduction par bouturage la rend redoutable : le plus petit brin de plante peut reformer un individu entier...

La plante de jussie. © DR

La plante de jussie. © DR

Cette plante se développe très rapidement sur un sol humide ou directement dans l'eau. Elle peut doubler sa masse toutes les 2 semaines si les conditions sont bonnes et forme des herbiers très denses, inextricables, qui éliminent les autres plantes, notamment la myriophylle servant d'abri à la faune et aliment de base des poissons.

Jussie, une plante envahissante

Les conséquences du développement intempestif de la jussie :

  • l'écoulement de l'eau est ralenti ;
  • les sédiments viennent combler les fonds ;
  • elle n'a pas de prédateurs ou de parasites qui limitent sa croissance ;
  • la navigation, l'irrigation, la pêche, etc. sont perturbées ;
  • lorsque cette masse de végétaux se décompose apparaît un déficit en oxygène sévère ;
  • l'envasement ferme le milieu ;
  • le milieu aquatique perd sa diversité ;
  • elle entraîne donc un gros déséquilibre de l'écosystème.
La jussie. ©  DR

La jussie. ©  DR

Le pouvoir invasif de la jussie est d'autant plus redoutable qu'il est presque impossible de l'éliminer et cela pour plusieurs raisons :

  • ses racines peuvent s'enfoncer jusqu'à 3 mètres dans le sol ;
  • il suffit d'une petite partie de rhizome pour que la plante survive ;
  • la plante se multiplie facilement par bouturage naturel ;
  • les animaux herbivores dédaignent cette plante ;
  • les essais de désherbage chimique ne sont pas concluants.

Lac de Grand-Lieu (44). © DR

Lac de Grand-Lieu (44). © DR

Un exemple de lutte contre la jussie

La Fédération départementale des chasseurs de Loire-Atlantique, gestionnaire d'une partie du lac de Grand-lieu, confrontée au problème de la jussie, a entrepris depuis juillet 2003 une vaste opération pour limiter la prolifération de la plante.

Pour la partie aquatique, la jussie a été enlevée de façon manuelle : travail minutieux puisqu'il faut ramasser toutes les boutures pour éviter une prolifération.

Pour les berges, elle a été traitée de façon chimique. En deux mois, ce sont 170 tonnes de matière fraîche qui ont été ramassées pour faire du compost dans un endroit à l'abri des risques... le compost obtenu avec la jussie est testé pour voir s'il y a des repousses... Cette opération, soutenue par l'appui du Conseil régional, devra être répétée pour éviter un retour trop important de la jussie sur le lac de Grand-lieu, qui doit rester une zone humide d'importance internationale pour l'accueil des oiseaux migrateurs.