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Patte avant d'un ours brun (Ursus arctos). Ce mammifère de 700 kg est capable de se redresser sur ses pattes. Cela pourrait expliquer pourquoi ses empreintes et ses apparitions ont alimenté le mythe du yéti. © Jim Chapman, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0
Ours hybride ou ours brun, telle est la question. Si la légende du yéti, cet abominable homme des neiges, mi-homme, mi-animal, s'étiole à mesure des analyses scientifiques, des chercheurs états-uniens remettent en cause les récentes hypothèses concernant la véritable identité du Bigfoot himalayen.
Il y a près d'un an, une équipe internationale de chercheurs faisait paraître une étude dans le journal Proceedings of The Royal Society B. Selon eux, le yéti appartenait soit à une espèce d'ours inconnue jusqu'alors, soit à un ours polaire qui aurait un pelage brun, soit à une espèce hybride d'ours polaire (Ursus maritimusUrsus maritimus) et d'ours brun (Ursus arctos).
Faux, rétorque l'équipe d'Eliécer Gutiérrez, biologiste évolutionniste au Muséum national d'histoire naturelleMuséum national d'histoire naturelle de la Smithsonian Institution, aux États-Unis. Dans une contre-étude parue dans le journal ZooKeys et dont il est auteur principal, Eliécer Gutiérrez examine à son tour les données génétiquesgénétiques des deux échantillons de poils en provenance de la région himalayenne ayant permis les premières conclusions.
Verdict : se baser sur l'analyse comparative d'un très petit fragment de gènegène, en l'occurrence celui codant pour l'ARNARN ribosomique 12S mitochondrial, ne permet pas d'établir de distinction entre l'ours brun et l'ours polaire, comme l'avait fait la première équipe. Sachant que l'ours polaire ne vit pas dans l'Himalaya, les échantillons de poils appartiennent donc probablement à l'ours brun vivant dans cette chaîne montagneuse, conclut l'équipe de Eliécer Gutiérrez.
Masque de yéti dans un marché de Katmandou, au Népal. La croyance est encore bien présente dans la région himalayenne. © Wonderlane, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0
L'ours brun de l'Himalaya sait marcher sur ses pattes arrière
Pour Bryan Sykes, généticiengénéticien à l'université d'Oxford, au Royaume-Uni, et auteur principal de l'étude de 2014, ces nouveaux résultats ne remettent pas au cause les siens. Pour lui et ses collègues, ce qui importe le plus est que les échantillons de poils ne proviennent pas d'espèces de primates inconnues. Ce qui sous-entend qu'ils estiment que, sur leurs trois hypothèses, il n'en reste que deux : l'ours polaire au pelage brun ou l'ours hybride. Exit l'espèce inconnue.
Pour autant, l'équipe Eliécer Gutiérrez qui penche sur l'ours brun a « peut-être raison ou peut-être pas », estime Bryan Sykes. La seule façon de trancher est, selon lui, d'acquérir du « matériel frais » et de le comparer aux échantillons conservés. D'ici là, comme l'ours brun de l'Himalaya sait marcher sur ses pattes arrière, il devrait continuer à être pris pour un yéti...