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Les hommes sont plutôt bien pourvus au niveau de l’entrejambe par rapport à leurs cousins primates. Probablement les conséquences d’une compétition spermatique intense, accélérant les processus évolutifs. © Bruce, Wikipédia, cc by 2.0
Nous sommes tous cousins et pourtant si différents. Il n'y a qu'à comparer par exemple les attributs virils des primates mâles. L'Homme a par exemple perdu les épines sur son pénis qui, au passage, se révèle particulièrement imposant par rapport à ses proches parents. De la même façon, la taille des testiculestesticules varie en fonction des espèces. Pourquoi de tels écarts entre des espèces parfois si rapprochées ?
Les scientifiques pensent que cela dépend du mode de vie. Dans certaines sociétés de primates, comme chez d'autres groupes de mammifères, les femelles s'accouplent avec plusieurs mâles. Ceux-ci entrent donc obligatoirement dans une compétition : sexuelle d'abord, puisqu'ils doivent séduire les femelles, spermatique ensuite, car leurs semences se font la guerre pour arriver en pole position devant l'ovule afin d'assurer la paternité.
Tous les coups sont permis, et pour certains, c'est le nombre qui fait la force. Les chercheurs supposent donc que pour produire plus de spermatozoïdes, il faut plus de divisions cellulaires... et donc plus de risques de mutations par substitution d'un nucléotidenucléotide à la place d'un autre. Du moins, c'est la théorie. Mais d'après Alex Wong, chercheur canadien de l'université Carleton (Ottawa), c'est également la pratique !
Lors d’une division cellulaire, la molécule d’ADN doit être intégralement copiée afin que chaque cellule-fille en ait un exemplaire. Or, sur les 3,5 milliards de bases azotées à replacer, il arrive qu’il y ait quelques fautes de frappe, substituant un nucléotide par un autre, modifiant ainsi le génome. Plus on fait de copies, plus les risques de divergence par rapport à l’original deviennent importants. © William J. Moore, université de Dundee, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0
De gros testicules pour une évolution rapide
Pour la revue Molecular Biology and Evolution, le scientifique a récolté un jeu de données génétiquesgénétiques de 35 kilobaseskilobases émanant de 55 espèces de primates différentes, dans lesquelles il est parti en quête des substitutions nucléotidiques, jugées comme l'un des moteurs de l’évolution. En parallèle, il a estimé le poids moyen des testicules, utilisé comme indicateur de la production de spermesperme et de la compétition sexuelle.
Recourant à des méthodes statistiques sophistiquées, récentes et basées sur le théorèmethéorème de Bayes, le biologiste a pu établir une corrélation positive entre la taille des testicules et le taux de substitution génétique, indépendamment du poids du corps des animaux ou de leur espérance de vieespérance de vie. En d'autres termes : les espèces avec les mâles les mieux équipés, celles où les femelles ont de multiples partenaires, sont les plus soumises à la compétition, et celles chez qui les processus évolutifs sont plus importants. L'évolution atteint plus vite les gros testicules que les petits.
Ce critère est important à plusieurs titres, notamment parce qu'il permet de mieux jauger l'impact des conditions et du mode de vie sur les processus évolutifs. Si le sujet de l'étude paraît anodin, y répondre fournit des indications sur lesquelles les biologistes peuvent se reposer pour poursuivre leur questionnement.