Un groupe d’experts vient d’étudier le statut de conservation des 1.041 espèces de requins, raies et chimères inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Résultat : 24 % d’entre elles sont sur le chemin de l’extinction ! Autre surprise, les raies sont plus en danger que les requins. 

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    Voilà 50 ans, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a dressé sa toute première liste rouge des espèces menacées. Depuis, elle est régulièrement mise à jour et permet ainsi de connaître en quelques instants le statut de conservation de plus de 65.000 plantes ou animaux : en danger d'extinction, vulnérable, à moindre risque, etc. Parmi eux figurent 1.041 espèces de poissons cartilagineux (chondrichtyens), autrement dit des requins, des raies et des chimèreschimères.

    Pour la première fois, un groupe d'experts, l'IUCN Shark Specialist Group (SSG), vient de toutes les passer en revue. Son but : dresser un bilan général de la santé de ce taxon. Leurs résultats ont été publiés dans la revue eLife sous la direction de Nicholas Dulvy de l'université Simon Fraser (Canada). Ils se veulent tracassants. Environ 24 % des espèces répertoriées, et pour lesquelles nous disposons de suffisamment de données, sont menacées d'extinction à plus ou moins court terme. Cela concerne 107 espèces de raies et 74 espèces de requins. Les chimères sont donc épargnées pour le moment.

    C'est là une grande surprise de l'étude : les raies sont plus en danger d’extinction que les requins. Cinq des sept groupes de chondrichtyens les plus menacés se composent en effet de raies. Pourtant, leur situation est moins évoquée que celle des requins, que ce soit par la presse ou par les associations de protection de la nature. D'ailleurs, ces animaux feraient également l'objet d'un moins grand nombre de programmes de conservation. L'étude ne s'est pas arrêtée là, puisque les principaux dangers pesant sur les poissons cartilagineux ont fait l'objet d'une description.

    Le groupe des raies au sens large est assez hétérogène. Il rassemble notamment les rajiformes (les raies vraies), les poissons-guitares, les poissons-scies et les poissons-torpilles. © bjamin, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Le groupe des raies au sens large est assez hétérogène. Il rassemble notamment les rajiformes (les raies vraies), les poissons-guitares, les poissons-scies et les poissons-torpilles. © bjamin, Flickr, cc by nc sa 2.0

    La surpêche une nouvelle fois mise en cause

    Ainsi, les espèces les plus à risque sont celles qui affichent de grandes tailles, surtout si elles vivent en eau douce ou dans des eaux côtières accessibles aux pêcheurs et à leurs navires. Une fois encore, c'est bien la surpêche qui est principalement pointée du doigt dans ce triste bilan, devant la destruction des habitats. Le rapport précise néanmoins que les prises, qui ont connu un pic en 2003 (d'après les données déclarées), sont majoritairement accidentelles. Cependant, le contexte économique actuel les rendrait de plus en plus intéressantes, ce qui tracasse les experts.

    Douze espèces seraient directement menacées par les prélèvements réalisés pour rassurer le public, par l'utilisation d'engins de pêchepêche peu spécifiques, mais aussi par les captures ciblées. En effet, certains taxons sont appréciés pour leurs ailerons, tandis que d'autres fournissent de la viande recherchée ou des remèdes miracles contre divers maux. Notons que trois régions géographiques ont été identifiées comme des points chaudspoints chauds où les espèces de chondrichtyens sont plus en danger qu'ailleurs : l'Indo-Pacifique et son golfe de Thaïlande, la mer Rougemer Rouge et la Méditerranée.

    Les chondrichtyens sont sensibles à la surpêchesurpêche pour la bonne et simple raison qu'ils ont une croissance lente et qu'ils se reproduisent peu. Même si d'importants efforts de préservation ont été accomplis depuis quelques années, il reste visiblement encore beaucoup à faire pour assurer un avenir serein aux représentants de l'un des plus anciens groupes de vertébrés encore en vie. Des efforts supplémentaires sont requis... et vite !