au sommaire
Pour séduire sa femelle, l'araignée-paon mâle - ou Maratus - aime se lancer dans une danse de la séduction. Mais elle se pare aussi de splendides couleurscouleurs : du blanc, du jaune, du rouge et du bleu-violet. Si les trois premières sont produites classiquement par des pigments, une équipe internationale de chercheurs (Pays-Bas, Australie et Suisse) vient de découvrir que la dernière est le résultat d'une diffusion optique, en d'autres termes, d'une décomposition de la lumièrelumière.
À grands renfortsrenforts d'analyses micro-spectro-photométrique et diffusométrique et de microscopie électrique, les chercheurs ont pu observer, sur le corps de l'araignée-paon, une microstructure complexe. L'exosquelette de l'animal s'avère en effet constitué de deux couches de chitine - une moléculemolécule de la famille des glucidesglucides qui compose traditionnellement l'exosquelette des araignées - séparées par une couche d'airair d'une épaisseur approximative d'un micronmicron.
D'autres animaux utilisent ce type de réseau optique pour colorer leurs corps comme les papillons Morpho d'Amérique centrale. Mais ce qui rend unique celui de l'araignée-paon, c'est la présence sur les faces internes des couches de chitine, de filaments qui modulent la lumière, permettant d'en séparer très finement les longueurs d'ondeslongueurs d'ondes. Et de refléter ainsi le bleu aux alentours de 450 nanomètresnanomètres et le violet aux alentours de 350 nanomètres. Une prouesse qui augmente encore un peu la fascination pour cette petite araignée sauteuse.
Une équipe internationale de chercheur a découvert chez l’araignée-paon, ici en pleine parade nuptiale, un mode de coloration étonnamment complexe. © Peacockspiderman, YouTube
L'étonnante danse de séduction de l'araignée-paon
À peine découverte, en Australie, cette petite araignée, qui porteporte comme un masque bleu sur la tête, avait en effet surpris son monde. Devant la caméra d'un biologiste, elle s'était lancée dans une sorte de danse durant laquelle elle agitait frénétiquement deux de ses pattes ainsi que ses mandibulesmandibules. La nouvelle espèce a été nommée Maratus personatus, en référence à son masque caractéristique. C'est le mâle qui danse et la femelle qui regarde.
Cette nouvelle espèce appartient à la famille des araignées-paon dont le nombre ne cesse d'augmenter. Comme leur nom le suggère, les araignées-paons mâles utilisent des couleurs vives pour attirer les femelles. Mais contrairement aux autres de son espèce, le mâle de M. personatus n'a pas un abdomenabdomen en éventail qui s'étendrait pour séduire les femelles. À la place, il utilise son masque bleu pour attirer ces dames.
Sur cette vidéo, le mâle lève une patte, puis une autre, de l’autre côté de l’abdomen pour attirer la femelle grâce à sa danse. © J. C. Otto, Youtube
Le mâle agite ses pattes et ses pédipalpes pour séduire
L'auteur de cette vidéo est Jürgen Otto, biologiste à Sydney à l'Australian Department of Agriculture. En 2008, il a eu pour mission d'étudier les araignées-paon australiennes. Il avait entendu parler de Blueface, une possible nouvelle espèce d'araignée, par le spécialiste basé à Perth, David Knowles. En 2013, une expédition a été organisée mais Knowles a eu un accidentaccident qui ne lui a pas permis de poursuivre l'aventure. Otto a passé des heures à chercher la petite araignée et était sur le point d'abandonner lorsque sa persévérance a payé.
Non seulement il a pu décrire M. personatus dans son milieu, mais il a également observé tous ses stades de développement, car une femelle récoltée a pondu des œufs. Ses résultats sont parus dans la revue Peckhamia. Il a aussi mesuré les spécimens récoltés : la taille des mâles était comprise entre 3,84 et 4,59 mm de long, et celle des femelles entre 4,87 et 5,85 mm.
L'article présente aussi de nombreux clichés effectués lors de la danse de séduction du mâle. Celui-ci agite deux de ses pattes, mais aussi ses pédipalpes, deux appendices situés à l'avant et servant à différentes fonctions, notamment à palper. Ici, ces appendices sont utilisés de manière tout à fait originale. Ce comportement complexe est étonnant, comme l'explique Jürgen Otto dans des propos rapportés par Livescience : « Les gens associent généralement les comportements complexes à de grands animaux [...], donc c'est très inattendu de voir un comportement similaire chez des invertébrésinvertébrés bien plus petits. En particulier chez des araignées que la plupart des gens détestent tant ».