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À gauche une femelle et à droite un mâle de l'espèce Liropus minusculus, appartenant à la famille des caprelles et récemment identifiée dans les eaux californiennes. © Sinc, cc by 3.0
Les anglophones se plaisent à les appeler les ghost shrimps, soit les crevettes fantômes en français. Mais dans notre pays, on leur préfère le nom de « caprelles ». Ce sont de tout petits crustacés, à la peau translucidetranslucide dont la forme rappelle celle de la mante religieuse. Ces carnivores mesurent en général seulement quelques millimètres, et la famille est si méconnue que l'on découvre encore régulièrement des espèces.
Dans un article paru dans le journal Zootaxa, l'équipe du professeur José Manuel Guerra García, décrit une nouvelle et étrange espèce de caprelle découverte en Californie. Le petit crustacé ne dépasse pas les 3,3 mm pour le mâle et les 2,1 mm pour la femelle. L'espèce appartient au genre Liropus, que l'on peut trouver en Atlantique et en Méditerranée, mais on en ignorait l'existence dans le Pacifique. L'équipe, de l'université de Séville, l'a baptisée Liropus minusculus en raison de sa minuscule taille.
La tête, les antennes et les pinces d'un mâle Liropus minusculus en détail. Les pinces permettent au mâle de maintenir la femelle durant l'accouplement. © Sinc, cc by 3.0
Des caprelles invasives découvertes en Espagne
« Cette nouvelle espèce présente des différences par rapport à d'autres exemples du même genre dans les protubérances dorsales sur son corps : sur ses pattes, son abdomenabdomen et ses pinces », détaille José Manuel Guerra García dans la revue Sinc. Si certaines espèces de Liropus ont été identifiées en Méditerranée et en Atlantique, cette nouvelle espèce du Pacifique aidera les taxonomistes à en apprendre plus sur leur origine et leur évolution.
Sur ces dix dernières années, le professeur José Manuel Guerra García a décrit plus de 62 espèces et huit genres de caprelles. Ce groupe de crustacés est un bel exemple de l'inconnu qui nous entoure. On estime en effet que l'Homme n'a connaissance que de 5 à 10 % des espèces vivant sur TerreTerre.
Certaines caprelles sont considérées comme envahissantes. Dans un article paru dans le journal Helgoland Marine Research, le spécialiste José Manuel Guerra García identifie deux espèces natives des eaux brésiliennes au large des côtes espagnoles. Les espèces Caprella scaura et Paracaprella pusilla ont probablement été transportées dans les ballasts de navires ou bien grâce au fouling sur les coques. Mais aujourd'hui, seule la première espèce est réellement considérée comme invasive. En effet, pour démontrer qu'une espèce exotique est envahissante, il faut mettre en évidence qu'elle cause des dommages à l'environnement d'accueil. Une chose est sûre, les caprelles n'ont pas fini de faire parler d'elles.