Une étude américano-belge accable un peu plus le réchauffement climatique. Cette fois-ci, il est à l'origine de la colonisation du plancher océanique de l'Antarctique par une espèce invasive de crabes royaux. Cette invasion biologique pourrait avoir, dans un avenir proche, un impact négatif important sur la faune marine locale.

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    Les crabes royaux pourraient poser un important problème écologique sur le plancher continental de l'Antarctique d'ici une vingtaine d'années, où ils sont à l'origine d'une invasion biologique. © Craig Smith, DR

    Les crabes royaux pourraient poser un important problème écologique sur le plancher continental de l'Antarctique d'ici une vingtaine d'années, où ils sont à l'origine d'une invasion biologique. © Craig Smith, DR

    En raison du réchauffement climatique et plus particulièrement du réchauffement des eauxNeolithodes yaldwyni, une espèce de la superfamille des crabes royaux, pourrait prochainement causer d'importants dégâts sur la biodiversité. Une étude publiée cette semaine sur le site de la revue Proceedings of the Royal Society Biology et réalisée par Craig Smith, de l'université d’Hawaï Manoa et ses collègues belges et américains, rapporte la présence de ce prédateur arpentant les fonds marins dans des zones où il était récemment absent.

    L'histoire se déroule en Antarctique, sur le plateau continental de la péninsule (en face de la pointe de l'Amérique du Sud). Grâce à un robotrobot sous-marin, le Genesis, les scientifiques ont découvert une importante population de ces crabes royaux dans le bassin de Palmer. Ce bassin est long d'environ 25 km et large de 7 km, creusé dans le plateau continental et atteignant des profondeurs de 1.440 mètres. Ils estiment qu'environ 1,55 million de crabes sont présents sur la zone.

    Une invasion biologique récente et toujours en cours

    La colonisation du bassin par cette espèce invasive est récente, selon les scientifiques qui supposent que ce phénomène a eu lieu il y a environ quarante ans. En revanche, la façon dont ils se sont implantés reste encore inconnue. En effet, si la température dans ce bassin est acceptable pour ces crustacéscrustacés en dessous de 850 mètres (elle est passée de 1,2 °C en 1982 à 1,47 °C l'an dernier), elle est en revanche trop froide entre 430 à 725 mètres (dans cette zone, les températures sont en effet plus élevées vers les profondeurs). Il est probable que les crabes y soient arrivés grâce à un courant d'eau chaud ayant entraîné quelques larveslarves.

    Le <em>Genesis</em>, le robot qui a permis de découvrir les populations de crabes royaux au fond du bassin Palmer. © Université de Gand

    Le Genesis, le robot qui a permis de découvrir les populations de crabes royaux au fond du bassin Palmer. © Université de Gand

    Quoi qu'il en soit, ces prédateurs sont désormais bien installés au fond du bassin, où ils déciment la faunefaune locale (échinodermeséchinodermes notamment), ce qui inquiète les scientifiques. D'autant plus que les eaux entourant l'AntarctiqueAntarctique sont particulièrement sujettes à un réchauffement, estimé à environ 0,1 °C tous les dix ans.

    Problème écologique d'ici vingt ans ?

    Les crabes royaux se permettent déjà quelques excursions à des profondeurs moins importantes à la recherche de nourriture. Ainsi, si les eaux continuaient de se réchauffer, les crabes pourraient finir par coloniser le plateau continental et y dévorer la faune locale, sonnant le glas de nombreuses espèces endémiques. Les scientifiques prévoient cette invasion dans les dix à vingt prochaines années...

    Peut-on faire quelque chose ? Dans l'hémisphère nordhémisphère nord, les Norvégiens se sont vu accorder un quota de pêchepêche de crabes royaux (d'une espèce différente) à des fins commerciales. Si cela ne semble pas envisageable dans la région de l'Antarctique, Craig Smith suppose cependant qu'il faudra réguler les populations de crabes si leur impact sur la biodiversité devient trop important, selon des propos rapportés par la BBC.