au sommaire
Diaemus youngi, ou vampire à ailes blanches, est l'une des trois espèces de chauve-souris d'Amérique centrale et du Sud consommatrice exclusive de sang d'oiseaux et de mammifères (et rarement d'humains), avec Diphylla ecaudata, dite vampire à pattes velues et Desmodus rotundus, dite vampire commun. © Gcarter2, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5
Si les chauves-souris vampires d'Amérique centrale et du Sud ressentent de l'amertume, ce n'est que lorsqu'elles ne trouvent pas de quoi se nourrir, peut-on supposer. Ce qui est sûr, c'est que ces chiroptères ne sont physiologiquement plus aptes à détecter cette saveur dans le sang de leurs proies, révèle une étude parue dans la revue Proceedings B of the Royal Society et supervisée par Huabin Zhao, un zoologistezoologiste à l'université de Wuhan en Chine.
Pour démontrer ce fait, les scientifiques ont comparé les génomesgénomes de trois espèces de chauves-souris vampires et de 11 espèces non vampires. Les résultats indiquent que les vampires possèdent toujours les gènesgènes qui leur permettent d'apprécier l'amertume. Néanmoins, beaucoup de ces gènes sont des pseudogènespseudogènes, c'est-à-dire qu'ils sont endommagés ou qu'ils ont muté, de sorte qu'ils ne sont plus fonctionnels. En d'autres termes, les trois espèces de vampires ont perdu cette sensibilité gustative au cours du temps.
Pour se nourrir, cette chauve-souris Desmodus rotundus recourt à l'écholocation afin de détecter des proies. Ensuite, le chiroptère les mord et lape leur sang qui reste fluide grâce à un anticoagulant contenu dans sa salive. © Ltshears, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
La fonction gustative devenue inutile explique le régime strict de l'animal
Pour les chercheurs, cette évolution irait de pair avec celle de leur régime alimentaire, devenu exclusif. Être sensible à l'amertume est une capacité gustative importante dans le règne animal car elle permet de détecter des substances potentiellement empoisonnées. Or, le sang a peu de chance d'être toxique dans la nature. Aussi, le régime alimentaire hautement spécialisé de ces espèces hématophages serait, selon Huabin Zhao, le fruit d'une réduction remarquable de la fonction « goût amer ».
Parce qu'elles portent encore certains gènes de récepteurs à l'amertume fonctionnels, les chauves-souris vampires auraient diminué leur sensibilité à la saveur très récemment, pensent les auteurs de l'étude, tout comme leur régime alimentaire sanguinivore se serait mis en place il y a peu. Les scientifiques se penchent à présent sur la façon dont l'aptitude à ressentir l'amertume a pu évoluer chez ces animaux.