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Chez les babouins, le mâle domine et détient un harem. Le babouin hamadryas mâle peut avoir quatre femelles pour lui. Et celles-ci sont largement surveillées : elles se font mordre si elles s'éloignent un peu trop de la troupe ! La femelle donne naissance en moyenne à un petit par an. C'est principalement elle qui s'en occupe. Les mâles sont surtout connus pour protéger leur progéniture dans les premiers temps, car l'infanticide est récurrent pour ces espèces. Environ 30 % des petits sont tués.
Pourtant, une équipe de recherche mixte s'est récemment aperçue que les petits des babouins grandissent mieux quand ils sont en contact avec les babouins mâles adultes. Des analyses de paternité ont même révélé qu'il ne s'agissait pas de n'importe quel mâle, mais bien de leur père. D'après l'étude, publiée dans Behavourial Ecology, le soin paternel existe et est plutôt bénéfique pour les jeunes.
Le babouin hamadryas (Papio hamadryas) mâle est ici au centre de sa troupe. © BS Thurner Hof, GNU 1.2
Les liens paternels ne sont pas communs chez les mammifères qui vivent en harem. Il n'est pas évident de déterminer qui est le père de qui. En outre, s'occuper des petits est coûteux en temps et en énergieénergie. Dans un harem, le mâle a plusieurs femelles et donc quantité de petits. Une troupe de babouins est constituée de plusieurs harems : il est donc facile de se mélanger les pinceaux ! Mais la prise en charge parentale augmente les chances de survie de la progéniture et améliore les performances de reproduction.
Les jeunes babouins mangent plus en présence de leur père
L'équipe de scientifiques menée par la chercheuse Élise Huchard a réalisé des études de terrain sur deux troupes de babouins chacmasbabouins chacmas (Papio ursinus), au parc de Tsaobis Leopard, dans le centre de la Namibie. Jusqu'alors, aucune étude n'avait été menée pour identifier le rôle du père dans l'éducation du petit.
L'étude est basée sur la combinaison d'analyses ADN (tests de paternité) et les observations de terrain dans les conditions naturelles. Pour reconnaître les différents juvéniles, les scientifiques les ont marqués plus tôt dans la saisonsaison. « Cela nous a permis de procéder à ces observations détaillées et d'obtenir un aperçu unique de la vie quotidienne de ces babouins vraiment jeunes, qui sont par ailleurs souvent ignorés par les études des babouins sur le terrain », explique Élise Huchard à la BBC.
Les chercheurs ont observé ce que mangeaient les petits et en quelle quantité, en fonction de la présence ou non du père. Ils ont ainsi pu déterminer que les juvéniles devenaient plus rapidement matures quand le père les accompagnait. Les jeunes rejoignent leur père le plus souvent au moment des repas. Ils se nourrissent mieux avec leur papa que sans lui. Les progénitures sont également plus proches de lui que de tout autre mâle.
Le lien père-fils chez les babouins est maintenu par le petit
Mais plus étonnant encore, l'étude a montré que ce sont les juvéniles et non les pères qui maintiennent le lien. Les petits se tournent vers leur géniteur le plus souvent lorsque la mère est absente. Car souvent dans ces cas, d'autres babouins tournent autour des juvéniles. Les pères fournissent donc une image de protecteur au petit. Des études antérieures sur d'autres espèces de babouins avaient suggéré que lorsque les mâles s'occupaient des petits... c'était pour séduire la mère !
Cette analyse suggère donc que les mâles sont capables de distinguer leurs petits de ceux des autres et de leur apporter des soins paternels. « L'objectif est maintenant de déterminer pourquoi certains pères se soucient plus que d'autres de leur petit, ou pourquoi certains jeunes développent des liens plus forts avec leur père. » Étudier ce comportement chez les babouins pourrait bien aider à comprendre les origines évolutives du comportement paternel chez l'Homme.