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Eléphant du Parc national du Hwange. Crédit Matton
Pas facile de protéger la nature... A partir des années 1980, face aux dangers qui menaçaient la survie des populations d'éléphants africains (abattages pour la récupération de l'ivoire des défenses, déforestations), des mesures ont commencé à être prises : interdiction du commerce de l'ivoire en 1989 puis lutte contre l'abattage.
L'efficacité de ces mesures dépend manifestement de la manière dont elles sont appliquées. Dans de nombeux pays, elles n'ont eu que peu d'effets et les populations continuent de régresser, au rythme de 20.000 bêtes par an. Dans d'autres, au contaire, elles se sont révélées très efficaces... et même trop ! En Afrique du Sud, le coup d'arrêt au commerce de l'ivoire a donné un sérieux coup de frein à la régression des effectifs. Après 1995, l'amendement sur l'abattage entraînait le retour à la croissance démographique.
Mais il est bien plus facile de perturber un écosystème que de le restaurer... Libérés de toute menace, les éléphants se sont mis à se reproduire. Ainsi le parc Kruger, 2 millions d'hectares, qui comportait traditionnellement une population de 7.000 individus a non seulement rétabli son quota, mais en l'absence de chasse même traditionnelle le nombre d'éléphants a plus que doublé. Au parc Hwange, la population est passée de 45.000 à 75.000. Dans chaque cas, cette prolifération dépasse les capacités du milieu.
Aujourd'hui, les pachydermes se voient contraints de partager en grand nombre des territoires devenus trop exigus pour eux, et contractent des maladies dont la transmission est facilitée par la densité de population. Les points d'eau, surexploités, se polluent rapidement. Alors qu'autrefois ils pouvaient migrer vers d'autres territoires, ceux-ci sont déjà envahis par des hordes à la recherche d'espaces libres, ou tout simplement déplacées par l'homme en tentant de régulariser la situation comme cela a été entrepris à plusieurs reprises.
« Aujourd'hui, la surpopulation crée des inquiétudes pour le paysage, la viabilité des autres espècesespèces, les conditions de vie et la sécurité des personnes qui habitent dans leur champ d'action », déclare le ministre d'Afrique du Sud van Schalkwyk.
De fait, l'éléphant est un des rares animaux dont l'appétit et l'action ont réellement la capacité de changer le paysage et cela n'échappe pas au WWFWWF (Fonds mondial pour la Vie sauvage) qui a reconnu que ces animaux, dont le nombre augmente de 7 % par an en Afrique du Sud, étaient devenus une réelle menace pour l'habitat. « Nous aimons les éléphants, ils sont une image charismatique de l'Afrique, mais on ne peut pas autoriser une espèce à altérer notre capital naturel », admet Rob Little, directeur des programmes de conservation de WWF en Afrique du Sud.
La limitation de l'espèce, seule solution
Le ministre de l'environnement, Marthinus van Schalkwyk, a présenté un plan de réduction de la population des éléphants, sans en préciser l'étendue. Devançant les critiques, qui ne manquent pas, le ministre a affirmé que des normes strictes encadreront l'abattage et que celui-ci ne sera organisé qu'après examen de toutes les autres options, telles les modifications de terrain pour déclencher de nouvelles voies migratoires, les déplacements forcés ou encore la contraceptioncontraception. Tous ces moyens alternatifs devront être examinés par des professionnels des écosystèmes.
D'autres pays africains sont également concernés par le problème, comme le Zimbabwe qui concentre quelque 100.000 éléphants sur son territoire, mais aucune décision n'y a encore été prise. Au parc national du Hwange, plusieurs dizaines d'éléphants sont morts et on s'attend à ce que de nombreux autres périssent par manque de nourriture et d'eau. La Namibie, qui accueillait autrefois des hordes d'éléphants en migration naturelle ou organisée par l'homme (notamment en provenance du Zimbabwe), est désormais en surcapacité et refuse toute importation.