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Appelé aussi pirarucu, l'arapaima possède un poumon primitif, en plus de ses branchies, qui lui permettent de respirer hors de l'eau. Une fonction adaptée à son environnement aquatique pauvre en oxygène, mais qui le rend vulnérable : les poissons s'oxygènent régulièrement en surface où ils sont facilement harponnés par les pécheurs locaux. © T. Voekler, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Parfois long de 3 mètres et pesant plus de 180 kgkg, l'Arapaima gigasArapaima gigas voit ses populations se raréfier et même s'éteindre dans certaines localités de l'État d'Amazonas, au Brésil. Sur les cinq espèces du genre répertoriées et massivement pêchées au siècle dernier, trois n'ont plus été observées depuis des décennies, indique une étude parue cette semaine dans le journal Aquatic Conservation : Freshwater and Marine Ecosystems.
En cause, la pêche par les communautés autochtones qui en retirent une ressource alimentaire et commerciale. Pour évaluer la situation, une équipe internationale de spécialistes a interrogé des pêcheurs de 81 communautés amazoniennes opérant sur des zones de plus de 1.600 kilomètres carrés, au nord-ouest du pays.
Dans 17 % des cas, le poisson d’eau douce est surexploité, dans 57 % des cas, il est proche de l'extinction et dans 19 % des cas, il a disparu. « Les pêcheurs continuent de prélever l'arapaima indépendamment des faibles densités de population », déclare Leandro Castello, professeur au Virginia Tech's College of Natural Resources and Environment, à Blacksburg, États-Unis, et responsable de l'étude. En effet, bien que les hommes s'orientent sur d'autres espèces de poisson, ils récoltent tout de même dans leur filet de petits arapaimas, ce qui, bien sûr, continue d'appauvrir les populations.
Depuis 20 ans que la communauté amazonienne d'Ilha de São Miguel, au Brésil, n'utilise plus certains filets de pêche, elle observe les plus fortes densités d'arapaima de la région. © Daniel Zanini H., Wikimedia Commons, cc by sa 2.0
Une réglementation de pêche adaptée favorise le retour des poissons
Cela étant, dans les collectivités qui ont adopté une réglementation imposant notamment une taille minimale de capture et orientant l'utilisation de certains types de filet, la densité d'arapaima s'avère 100 fois plus élevée. Pour l'heure, seules 27 % des communautés sont réglementées de la sorte.
Selon les auteurs de l'étude, leurs résultats démontrent qu'il est possible de sauver de l'extinction ces poissons sans mettre en péril les approvisionnements alimentaires locaux. Ils recommandent la poursuite du recensement des populations, la diffusiondiffusion des bonnes pratiques et l'implication des habitants dans la gestion et la conservation de l’espèce.