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Pour étudier et suivre les changements qui s'opèrent à la surface de notre Planète, quoi de mieux que les archives des satellites comme celles de Landsat qui cumulent depuis 43 ans déjà, d'importantes massesmasses de données. Tant et si bien que pas un endroit dans le monde ne lui échappe, en moyenne, une fois par saison !
Toutes ces ressources, Matthew Hansen et Sam Goward de l'université du Maryland ont cherché à les exploiter depuis les années 1990 afin d'étudier l'évolution des milieux forestiers. « Nous voulions connaître l'impact des perturbations -- agriculture, débroussaillage, incendies, tempêtes -- qui modifient les forêts, raconte l'un des deux chercheurs. « Chaque fois que vous dérangez une forêt, cela redémarre le cycle de croissance et lorsque vous faites cela, vous impactez le cycle du carbone. Très peu font un cycle de croissance complet en raison des perturbations, et personne ne connait leurs impacts sur le cycle du carbone. » Cependant, les images en haute résolutionrésolution étaient rarement accessibles, car très cher, aussi les deux géographes furent-ils contraints de travailler avec des moyens plus modestes pour reconstituer l'évolution des forêts au cours de ces dernières décennies.
Cela a changé en 2008, avec les données mises à disposition en accès libre. En association avec Google qui témoignait de la même expertise qu'eux en cartographie, les scientifiques purent alors profiter d'une grande puissance de calculs qui leur faisait défaut depuis des « lustres ». Ce sont ainsi plus de 700.000 « scènes » de LandsatLandsat qui furent traitées en prenant soin à chaque fois d'éliminer les pixelspixels où apparaissent des nuages pour ne garder que les plus clairs avec couvert forestier. Cela a demandé un million d'heures avec pas moins de 10.000 unités centrales... « Les analyses auraient pris 15 ans avec un seul ordinateurordinateur » souligne Rebecca Moore, programmeuse et cartographe chez GoogleGoogle qui fut la principale interlocutrice de l'équipe dans ce projet que vous pouvez consulter ici.
Image du haut : évolution du couvert forestier dans la seule région de République démocratique du Congo (RDC). En bas, agrandissement du détail encadré dans l’image au-dessus. Les cartes ont été créées à partir des données collectées entre 2000 et 2013 et indiquent, selon la couleur, la période où des changements sont intervenus sur les forêts. © Joshua Stevens (Nasa Earth Observatory), Global Forest Change, Hansen et al., UMD
L’exemple de la République démocratique du Congo
L'échantillon présenté ci-dessus traduit la situation en République démocratique du Congo (RDC), pays en voie de développement qui, comme beaucoup d'autres, n'a jamais procédé à un inventaire de ses ressources forestières. Les résultats, disent les chercheurs, sont en accord avec d'autres études sur la déforestation : entre 53 et 72 téragrammes de carbone stocké principalement par des arbresarbres ont été perdus entre 2000 et 2010. Sans surprises, « les schémas de déboisement sont regroupés autour des zones à forte densité de population humaine qui, en RDC, ont tendance à être le long des principales voies navigables qui relient les gens et les ressources vitales à la capitale Kinshasa, commente Glenn Bush du Woods Hole research Center, poursuivant « les tâches de la déforestation suivent clairement le fleuve Congo et ses affluents ».
Earth Observatory qui relate les défis de ce programme scientifique écrit que les auteurs souhaiteraient « créer un système global d'alerte sur les pertes des forêts » et s'occupent par ailleurs à développer des « outils pour distinguer les causes des changements dans les forêts : feux, interventions mécaniques, maladies, tempêtes, etc. ». « Nous avons un produit globalement cohérent, des cartes locales pertinentes qui peuvent être utilisées dans une variété d'applicationsapplications, souligne Matthew Hansen, comme des estimations des émissionsémissions de carbone après une déforestationdéforestation, des modélisationsmodélisations de la biodiversité, l'évaluation des zones protégées, l'étude de la santé des forêts et des humains ».