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Dans une recherche publiée dans Plos Computational Biology, des chercheurs ont trouvé, grâce à des expériences sur des perruches, que certaines volaient plutôt à gauche et d'autres à droite. Ceci permettrait aux oiseaux qui volent en groupes d'éviter les obstacles : en se séparant en deux, ils évitent ainsi de créer des bouchons qui nuiraient à la progression du groupe...
Pour Partha Bhagavatula, principal auteur de cette étude, « nous cherchons à trouver comment les oiseaux décident de naviguer, parce qu'ils sont très bons pour voyager rapidement et sans collision dans des environnements avec des trous étroits comme des forêts ou des buissons denses ».
Des chercheurs ont placé des perruches dans un tunnel de plus 7 m de longueur équipé de caméras (doorindiquent les portes). Les oiseaux pouvaient passer, au choix, traverser la cloison centrale par l'une des ouvertures. Ils ont ainsi pu déterminer que certaines étaient « droitières » et d’autres « gauchères ». © Bhagavatula et al., Plos Computational Biology, 2014, cc by 4.0
Les chercheurs ont recréé au laboratoire une situation obligeant les oiseaux à choisir entre un passage à gauche ou à droite. « En donnant aux oiseaux le choix de voler à gauche ou à droite, à travers deux ouvertures adjacentes, nous avons pu voir qu'ils montraient des préférences individuelles. » Mais contrairement à l'espèce humaine majoritairement droitière, la répartition entre oiseaux « droitiers » et « gauchers » serait plus équilibrée. « C'est très intéressant et inattendu -- parce que généralement on s'attend à ce qu'une espèce animale ait un côté dominant qu'elle préfère. »
L'objectif de ces travaux était d'étudier les stratégies employées par les oiseaux pour voler efficacement en groupe dans un espace encombré. Pour cela, les chercheurs ont entraîné cinq perruches mâles et femelles à voler dans un tunnel où elles rencontraient des obstacles et devaient choisir entre un passage à droite ou à gauche. Parfois, les deux passages étaient de même taille, et d'autres fois l'un était plus large que l'autre. Les oiseaux étaient filmés et leur vol reconstitué en 3D. Le tunnel mesurait environ 7,3 m de long et 2,4 m de haut. L'obstacle se trouvait à peu près au milieu du tunnel.
Exemples de vols d’oiseaux dans des tunnels expérimentaux. La largeur des passages à gauche et à droite était respectivement de 60 et 40 mm en A, 90 et 10 mm en B, ainsi que 0 et 100 mm en C. © Bhagavatula et al., Plos Computational Biology, 2014, cc by 4.0
Oiseaux « gauchers » et oiseaux « droitiers »
Lorsqu'un des passages était plus large que l'autre, les oiseaux avaient tendance à voler dans le passage le plus large : c'était la solution la plus rapide et la plus sûre. Mais lorsque les deux passages étaient de même largeur, certains préféraient la gauche et d'autres la droite. Ce choix variait d'un individu à l'autre. Ainsi, deux perruches étaient « droitières » et deux « gauchères », la cinquième semblant légèrement droitière mais de manière moins significative que les autres. Par exemple, un oiseauoiseau « gaucher » choisissait le côté gauche dans 87,5 % des cas si les ouvertures étaient de taille équivalente.
La latéralisation de la vision des oiseaux a déjà été étudiée pour la détection et la reconnaissance d'objets. Par exemple, des pigeons mémorisent mieux ce qu'ils voient de l'œilœil droit ; les poulets utilisent leur œil droit pour détecter de la nourriture et l'œil gauche pour surveiller d'éventuels prédateurs. Mais pour les chercheurs, c'est la première fois qu'une latéralisation du vol a été identifiée chez des oiseaux.