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La très jeune entreprise Anova-Plus travaille depuis deux ans sur un test génétiquegénétique portatif dirigé contre une calamité du vignoble actuel, la flavescence dorée, qui touche une grande partie du territoire métropolitain. Transmise par un insecte (la cicadelle) qui pique le bois et dépose ses larves, elle fait jaunir les feuilles et se dessécher les inflorescences. La plante finit par mourir. Il n'y a aucun traitement, d'autant que l'apparition des symptômessymptômes n'a lieu qu'une année au plus tôt après l'infection. Le viticulteur doit assurer lui-même la détection car il peut y avoir contagion par la cicadelle qui pique un pied infecté et transmet la maladie aux alentours. C'est donc une « maladie à quarantaine » : l'atteinte doit être déclarée à la DRAAF (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt). Si un certain pourcentage d'une parcelle (en général 20 %) est infecté alors elle doit être entièrement arrachée et des doses massives d’insecticides doivent ensuite être répandues. La lutte contre la cicadelle est obligatoire là où la maladie sévit, si bien qu'aujourd'hui la moitié du territoire métropolitain est concerné.
« Actuellement, le seul test disponible est la PCR [Polymerase Chain ReactionPolymerase Chain Reaction, NDLRNDLR], nous explique Carine La, cofondatrice et directrice générale d'Anova Plus. Cela ne peut se faire qu'au laboratoire et après une procédure administrative, le tout prend trois semaines à un mois. Si le test est fait en août, quand apparaissent les premiers symptômes, le résultat arrive un mois seulement avant les vendanges. C'est bien trop tard ! »
Carine La, cofondatrice et directrice générale d’Anova-Plus, est ingénieure en biotechnologie issue de Sup’Biotech (promotion 2013). Elle s’est spécialisée dans le management de l'innovation. Elle a également créé le média indépendant dédié à l'innovation Garage21.
Le viticulteur détecte lui-même la flavescence dorée
Le test génétique, en effet, consiste à détecter l'ADNADN de l'agent pathogènepathogène, un phytoplasme, c'est-à-dire une bactériebactérie sans paroi qui ne peut vivre qu'à l'intérieur d'une cellule végétale. Mais on peut faire plus simple et plus rapide grâce à une autre technique, l'amplification isotherme de l'ADN. « Elle évite de devoir chauffer successivement à plusieurs températures différentes. Notre test n'utilise donc qu'un bloc chauffant » explique cette ingénieure en biotechnologiebiotechnologie issue de Sup’Biotech et spécialisée dans le management. Lorsqu'elle rejoint l'équipe de Marc Masson, expert en cytogénétique, elle découvre cette possibilité de réaliser un test rapide, à peu de frais, par le viticulteur lui-même et en plein champ. « Au départ, je n'y croyais pas ! » confie Carine La aujourd'hui.
« Il fallait faire le plus simple et le moins cher possible, explique-t-elle. Nous avons conçu ce test pour qu'il soit commercialisé à environ 30 euros et son utilisation est vraiment facile. » L'ingénieure nous détaille la manipulation : extraire les pétiolespétioles, les glisser dans un sachet contenant un tampon d'extraction et les broyer, récupérer un peu du mélange avec une « oese » (une tige, outil courant en bactériologie) et l'introduire dans un tube ; l'installer dans le bloc chauffant, attendre et en verser le contenu dans une cassette ; sa fermeture cassera le tube et mettra le contenu en contact avec une bandelette portant des réactifsréactifs. À l'ouverture de cette cassette, il suffit de compter les bandes rouges : une seule et le test est négatif, deux et la souche est infectée. « Avec ce test rapide, le viticulteur maîtrise bien mieux la lutte contre la maladie. Le principe est qu'il analyse 10 à 20 ceps autour d'un foyer ancien et ce suffisamment tôt dans l'année. L'épandage d’insecticides pourra ensuite être plus ciblé, donc plus réduit. »
Ce kit peut être adapté à d'autres pathologiespathologies. C'est le cas pour le stolbur, une maladie à phytoplasme qui fait des ravages dans les cultures de lavandelavande. « Le test peut aussi servir pour des maladies de la pomme de terrepomme de terre et de la tomatetomate. » Pour aider au financement du démarrage de l'activité, Anova-Plus a lancé une opération de crowdfunding sur Fundovino, baptisée Winelover Project, ouverte au grand public mais aussi sous la forme de pré-achat. L'idée d'Anova-Plus est que les viticulteurs, confrontés à cette maladie grave mais aussi aux contraintes et aux obligations légales qu'elle a générées, pourront ainsi mesurer l'intérêt de ce test rapide.