Les physiciens vont devoir encore patienter un peu avant de lancer le second « run », la deuxième phase d’exploitation du LHC. Si sept des huit secteurs de la machine ont bien été mis en service, le Cern vient d’annoncer que la découverte d’un court-circuit avait conduit à repousser d’au moins une semaine le retour des faisceaux de protons dans l’ensemble de l’anneau du LHC. Il s’agit cependant d’un incident minime.

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    Le 19 septembre 2008, une fuite d'hélium importante, provoquée par une défaillance électrique dans les connexions d'aimants dipolaires supraconducteurs du secteur 3-4 du LHC (qui en compte 8), conduisait à son arrêt temporaire alors que les premières collisions étaient prévues pour la fin du mois. Tout s'était pourtant bien passé quelques jours plus tôt, le 10 septembre 2008, lors de la circulation des premiers faisceaux. La quête du boson de Brout-Englert-Higgs n'allait finalement reprendre qu'un an plus tard, après que le LHC ait détrôné le Tevatron du Fermilab en produisant le 8 décembre 2009 des collisions entre deux faisceaux de protonsprotons à une énergieénergie de 2,36 téraélectronvolts (TeV).

    L'incident avait conduit les ingénieurs et les physiciensphysiciens du LHC à être plus prudents dans la montée en énergie et en luminositéluminosité initialement prévue pour ces faisceaux, et donc à retarder encore le calendrier des expériences. Aujourd'hui, après deux ans de mise à niveau pour préparer la machine à faire des collisions à 13 TeV, on s'attendait à ce qu'elle redémarre cette semaine et que la chasse aux signes d'une nouvelle physiquephysique reprenne dans quelques mois avec des collisions. Mais le 24 mars 2015, le CernCern faisait savoir, via son compte TwitterTwitter, qu'il n'y aurait finalement pas de circulations de faisceaux de protons dans le LHC avant la semaine prochaine.

    Le matin du 17 décembre 2012, les équipes du Cern ont mis fin à la première période d’exploitation avec protons du LHC. Le message sur l'écran de contrôle indiquait <em>« So long and thanks for all the fish »</em> (en français : <em>« Salut, et encore merci pour le poisson »</em>), en référence à la célèbre série de livres de l'écrivain britannique Douglas Adams, <em>Guide du voyageur galactique</em> (<em>Hitchhiker's Guide to the Galaxy</em>). © Cern

    Le matin du 17 décembre 2012, les équipes du Cern ont mis fin à la première période d’exploitation avec protons du LHC. Le message sur l'écran de contrôle indiquait « So long and thanks for all the fish » (en français : « Salut, et encore merci pour le poisson »), en référence à la célèbre série de livres de l'écrivain britannique Douglas Adams, Guide du voyageur galactique (Hitchhiker's Guide to the Galaxy). © Cern

    Des aimants supraconducteurs en dessous de 1,9 K

    La cause de ce retard : un court-circuitcourt-circuit intermittent dans l'un des aimants du Grand collisionneur de hadronshadrons identifié le 21 mars. Le problème, bien que mineur, est en train d'être examiné mais il a conduit à repousser la date du redémarrage du LHC. Le Cern estime qu'il devrait être résolu en quelques jours ou quelques semaines tout au plus. Il faut garder en mémoire que les aimants supraconducteurs du LHC sont refroidis à l'hélium liquideliquide, soit presque au zéro absoluzéro absolu. Examiner des aimants et réaliser des interventions n'est donc pas simple car, pour certaines interventions, il est nécessaire de réchauffer puis refroidir ensuite ces éléments essentiels du collisionneur, ce qui prend du temps. Comme le rappelle Frédérick Bordry, l'actuel directeur des accélérateurs et de la technologie du Cern : « Une machine cryogénique, c'est un amplificateur de temps. Ce qui n'aurait pris que quelques heures dans une machine à température ambiante pourrait ainsi nous prendre des semaines ».

    Mais, comme l'indique le directeur général du Cern, Rolf Heuer : « Tout annonce une magnifique deuxième exploitation. Si l'on prend un peu de recul, quelques semaines de retard, cela représente moins que la duréedurée d'un clin d'œilœil dans cette quête que mène l'humanité pour comprendre l'universunivers ».