Transformer un atome en un autre : c'est la transmutation. Vaine quête des alchimistes qui voulaient faire de l'or avec du plomb, cette méthode, opérée par fission nucléaire, pourraient être adaptée au traitement des déchets nucléaires. Des éléments radioactifs pourraient ainsi, dans un réacteur, être transformés en éléments à durée de vie courte. Débuté en avril dernier, le projet européen Myrte entend démontrer la faisabilité de cette technique.

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    L'institut de Physique nucléaire d'Orsay (IPNO, CNRS/université Paris-Sud) poursuit et accentue son soutien au projet de réacteur hybridehybride Myrrha (Multi‐Purpose Hybrid Research Reactor for High‐tech Applications) pour les quatre prochaines années. En avril 2015, en effet, a été lancé le projet H2020 Myrte « Myrrha Research and Transmutation EndeavourEndeavour », dans le prolongement du projet européen Euratom FP7 MAX « MYRRHA Accelerator eXperiment R&D programme », coordonné par l''institut de Physique nucléaire.

    L'objectif de ce projet est de poursuivre les recherches nécessaires pour démontrer la faisabilité de la transmutation des déchets nucléaires de haute activité à l'échelle industrielle via le développement du réacteur de recherche Myrrha et de son accélérateur associé. Une piste étudiée dans le traitement des déchets nucléaires. Des corps radioactifs à vie longue peuvent en effet être ainsi transformés en atomes à vie plus plus courte, voire en éléments réutilisables pour d'autres applications.

    La gestion des déchets radioactifs

    En soutenant ce projet de réacteur « hybride », qui a été récemment mis dans la liste prioritaire de l'ESFRI (forum stratégique européen pour les infrastructures de recherche), Myrte répond ainsi à la nécessité de trouver des moyens durables de gestion des déchets radioactifsdéchets radioactifs à vie longue en donnant les moyens à la communauté Euratom d'évaluer de façon optimale la viabilité d'un scénario de transmutation des actinides mineurs en réacteurs dédiés.

    De plus, en contribuant à la mise au point du réacteur Myrrha comme future installation européenne d'irradiationirradiation à spectrespectre rapide, le projet Myrte apportera également de façon plus indirecte des réponses aux besoins sociétaux suivants :

    Schéma d'injecteurs alternatifs pour Myrrha. © CNRS

    Schéma d'injecteurs alternatifs pour Myrrha. © CNRS

    Développer l'accélérateur linéaire de Myrrha

    Coordonné par le SCK-CEN (centre d'étude de l'Énergie nucléaire) de Mol, en Belgique, et doté d'un budget total de 12 millions d'euros, le projet Myrte contient cinq lots de travaux.

    Le premier et le plus grand d'entre eux (Work Package 2 ou WP2), dirigé par l'IPN d'Orsay, est dédié à la recherche et au développement de l'accélérateur linéaire de Myrrha. Il regroupe treize partenaires européens pour un budget total de 5,3 millions d'euros. Une partie importante des activités sera focalisée sur la conception, la réalisation et la mise en service de l'injecteur prototype de l’accélérateur de Myrrha (source et RFQ), afin d'en démontrer la faisabilité et surtout d'en analyser la fiabilité, qui est un des enjeux majeurs pour ce type d'accélérateur couplé à un réacteur de puissance.

    Les autres lots de travaux apporteront des réponses aux autres problématiques principales encore à l'étude pour la mise au point de Myrrha dans les domaines de la thermo-hydraulique des métauxmétaux liquidesliquides, de la chimiechimie de l'évaporation des radionucléidesradionucléides dans l'eutectiqueeutectique plombplomb-bismuthbismuth, de la physique expérimentale des réacteurs sous-critiquesréacteurs sous-critiques, et de la R&D sur le développement de combustiblescombustibles à base d'actinides mineurs.

    N. B. : La participation de l'IPN d'Orsay à cette initiative sera concentrée sur le lot de travaux dédié à la recherche et au développement de l'accélérateur linéaire Myrrha (Multi‐Purpose Hybrid Research Reactor for High‐tech Applications). Le projet Myrte rassemble 27 partenaires de plusieurs pays dont le CNRS et le CEA.