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Alors qu'il y a quelques années, l'IFA de Berlin, grand-messe européenne de l'électronique, mettait en valeur les appareils « intelligents », l'édition 2015 fait de la sobriété en énergieénergie l'argument vendeur pour l'électroménager. Une économie de « 60 %, soit 774,09 euros », ou même de « 63 %, soit 1.193,56 euros » : à côté de chacun de ses nouveaux congélateurs et réfrigérateurs exposés au plus grand salon mondial de technologies grand public, le fabricant Liebherr chiffre la baisse des factures d'électricité par rapport aux modèles équivalents d'il y a 15 ans. « L'efficacité énergétique joue un rôle décisif dans la décision d'achat du consommateur », explique à l'AFP Roland Hagenbucher, responsable de SiemensSiemens électroménager à l'IFA, qui ouvrira ses portes au public vendredi. Un peu plus loin, Miele vante ses sèche-linge « économes et écologiques » labellisés « A+++ », la meilleure classification possible en matièrematière de consommation d'énergie.
« En Europe, 42 % des machines à laver sont déjà A+++. C'est une tendance nette, qui va encore augmenter », prédit Jürgen Boyny, directeur à l'institut de recherche GfK. Selon un sondage réalisé en mai pour la fédération allemande d'électronique grand public GFU, 18 % des personnes interrogées disent avoir déjà remplacé un vieil appareil d'électroménager car il consommait trop d'énergie, alors même qu'il fonctionnait encore, et 29 % ont l'intention de le faire.
Une machine à laver zéro carbone du XIXe siècle. © Itub, Flickr CC by-nc-sa 3.0
Il n'est pas toujours utile de remplacer un appareil ancien
Mais, pour Jürgen Boyny, « l'énergie est simplement l'argument que l'industrie utilise pour que les personnes achètent une nouvelle machine à laver ou un nouveau réfrigérateur ». La sensibilité des consommateurs à cette question est particulièrement marquée en Allemagne, où l'environnement est une préoccupation forte et où l'électricité est plus chère que dans d'autres pays comme la France, souligne-t-il. Expert énergie de la centrale des consommateurs de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest de l'Allemagne), Stefan Nakazi rappelle toutefois que, économiquement, le calcul n'est pas toujours payant. Selon lui, on peut réfléchir à remplacer un réfrigérateur « quand il est déjà très vieux », soit 15 ans environ.
« Pour les machines à laver, je dirais plutôt qu'il faut la garder tant qu'elle marche, car l'efficacité énergétique n'a pas augmenté autant que cela a été le cas pour les réfrigérateurs », estime-t-il. Stefan Nakazi relève surtout que, pour bénéficier plus facilement de la meilleure note d'efficacité énergétique, les machines à laver ont tendance à avoir une capacité de plus en plus grande, 8 kilos par exemple. « Mais cela n'a aucun sens d'acheter une machine à laver plus grosse si on n'a pas plus à laver » et une machine à demi remplie, quel que soit son degré d'efficacité énergétique, consomme beaucoup, argumente-t-il.
En outre, la course en avant commence à trouver ses limites et se différencier de ses concurrents devient difficile. Si elle reste « un défi pour l'avenir », « l'efficacité énergétique est plus ou moins devenue un standard », considère Roland Hagenbucher. « Il y a selon les appareils électroménagers encore des améliorations possibles, mais à vrai dire cela devient très cher », ajoute-t-il. Du coup, Siemens a préféré mettre en avant cette année à l'IFA ses nouvelles machines connectées, comme un réfrigérateur qui prend en photo son intérieur et permet de vérifier de sa tablette ce qu'il manque avant d'aller au supermarché.
Cette maison connectée, au cœur des innovations dans l'électroménager depuis quelques années et dans laquelle les appareils seront dirigés à distance et communiqueront entre eux, fait d'ailleurs miroiter non seulement des gains de temps et d'organisation, mais aussi d'énergie avec, par exemple, un lave-vaisselle programmé pour se lancer la nuit quand l'électricité coûte moins cher.