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Le plateau Ogival, utilisé par certains cyclistes du Tour de France, reprend l'idée de la forme ovoïde. Mais quelle est la courbe idéale ? © Ogival
L'équipe britannique Sky s'est fait remarquer à l'arrivée du Tour de France dans les Vosges, à la Planche-des-Belles-Filles, dans la septième étape, partie de Tomblaine, à côté de Nancy. Christopher Froome remporte la course et son coéquipier Bradley Wiggins endosse le maillot jaune. Certains, alors, commencent à parler des fameux plateaux ovales de la société OSymetric. Pourtant, ces curieux engrenages n'ont rien de nouveau : ils existent en effet depuis une vingtaine d'années et les cyclistes les ont ainsi vus arriver dans les années 1990 puis revenir dans les années 2000. Leur intérêt est discuté mais la théorie et les tests déjà effectués montrent un gain de puissance de « 10 % », affirme son inventeur Jean-Louis Talo, spécialiste de biomécanique et inventeur d'une machine de musculation, qui est passionné par son sujet à la hauteur d'un Alain Thébault pour son Hydroptère. La physique du vélo recèle donc encore des mystères et un bon potentiel d'améliorations.
L'idée de départ semble logique et repose sur la constatation que le pied n'appuie pas sur la pédale avec une force constante sur les 180° de la course vraiment utile, quand on pousse vers le bas. Elle est maximale quand la pédale est horizontale et minimale quand elle est verticale, aux points morts haut et bas. « Elle varie du simple au double, disons, typiquement, entre 12 et 24 kgkg », détaille l'inventeur. Or, quand le jarret faiblit, il vaut mieux avoir, au niveau du pédalier, un petit plateau avec peu de dents et en choisir un grand quand la force appliquée est plus importante. D'où l'idée d'un engrenage dont le diamètre serait plus petit dans l'axepetit dans l'axe de la pédale et maximal à 90°. « Si j'ai l'équivalent d'un 52 ou 54 dents quand le pied pousse à l'horizontale, j'en retire 15 % pour les points morts haut et bas. En fait, il faut bien sûr prendre en compte des zones autour de ces positions particulières. Par exemple, on considérera que la poussée est maximale à environ 30° au-dessus et au-dessous de la position pédale horizontale. »
Bradley Wiggins filmé par FR3 durant le Paris-Nice 2012 (qu’il a remporté), avec des gros plans sur le curieux plateau non circulaire. © FR3, OSymetric/YouTube
Le plateau ovale, un avantage dans les côtes
C'est pourquoi ces plateaux sont ovales, enfin ovoïdes, ou elliptiques, voire « patatoïdes », comme disent certains cyclistes. « Il n'y a aucune raison que la courbe idéale soit celle d'une ellipse. Elle doit suivre celle de l'effort de poussée. » Le biomécanicien a déterminé cette courbe en mesurant la force exercée sur les pédales en un tour complet de pédalier. C'était il y a 20 ans. La marque a connu un certain succès, en particulier en triathlon. Depuis, d'autres sociétés ont repris ce principe, comme Rotor et son Q-Ring ou Ogival. Le géant japonais Shimano s'y essaie aussi. « Mais ils n'ont pas reproduit la courbe, qui est brevetée, alors l'efficacité est moindre... »
Jean-Louis Talo dit aussi rencontrer la rude concurrence des grandes entreprises, en particulier sur le Tour de France où elles sont très influentes, expliquant qu'il est bien difficile d'y lancer une innovation. « L'équipe Sky m'a acheté le matériel. D'ordinaire, pour être présent, il faut payer... » Plus efficace dans les montées que sur le plat, ce plateau ovoïde a-t-il donné un avantage décisif à l'équipe britannique ? Ce mercredi 11 juillet, la dixième étape, entre Mâcon et Bellegarde-sur-Valserine, à l'entrée des Alpes, a vu la victoire du Français Thomas Voeckler, qui endosse le maillot à pois du meilleur grimpeurgrimpeur. L'histoire est à suivre...