au sommaire
Outils multimédia garantis à faible émissivité. © GlenEdelson / Flickr - Licence Creative Commons (by-nc-sa 2.0)
On attendait depuis plusieurs années les résultats de l'étude Interphone, lancée en 1999 par le Circ (Centre international de recherche sur le cancercancer), et qui aurait dû être bouclée en 2003. La publication des résultats a été plusieurs fois repoussée, pour cause de difficultés à analyser les résultats. Cette fois, c'est fait. Les conclusions définitives viennent d'être publiées dans l'International Journal of Epidemiology mais elles sont plutôt décevantes. « Il faut de nouvelles études » explique en substance le docteur Elisabeth Cardis, du Circ, qui a coordonné l'étude.
A partir de 2000, l'enquête, dans treize pays et durant plusieurs années, a porté sur des patients atteints de quatre formes de tumeurstumeurs (le gliomegliome et le méningiomeméningiome - deux cancers du cerveaucancers du cerveau -, le cancer du nerfnerf acoustique et celui de la parotide) questionnés sur leur utilisation du téléphone mobile. Les résultats ont été comparés avec ceux d'un groupe de personnes sans tumeur. La publication diffusée ce mardi 18 mai porteporte sur 2.708 cas de gliomes et 2.409 meningiomes.
Globalement, la conclusion la plus claire est qu'en dessous d'un seuil d'une demi-heure par jour, on ne remarque aucune incidenceincidence entre téléphone et cancers. Les difficultés d'analyse deviennent considérables pour les utilisateurs plus gourmands. Les dix pour cents supérieurs (pour le temps passé à téléphoner) correspondent à des taux de cancer plus élevés. Pour ces utilisateurs, le risque de gliome est multiplié par 1,4 par rapport au groupe témoin (soit une augmentation du risque de 40%) et par 1,15 pour le méningiome. Plus précisément, et pour les lecteurs rôdés aux statistiques, les intervalles à 95% de degré de confiance sont respectivement de 1,03 à 1,89 et de 0,81 à 1,62.
Seule certitude : le doute subsiste
On remarque que ces intervalles sont très larges. Dans le cas du gliome, il se pourrait que le risque soit presque nul (si la valeur 1,03 est la bonne). Il se pourrait aussi qu'il soit quasiment doublé. On note aussi pour le méningiome que le risque pourrait être réduit par l'utilisation du mobilemobile, si on retient les valeurs basses de la fourchette, qui commence à 0,81. En somme, il n'est pas impossible que le mobile protège du cancer... C'est d'ailleurs ce que l'on peut conclure des résultats obtenus au Royaume-Uni où le risque estimé par l'étude InterphoneInterphone apparaît moindre chez les utilisateurs intensifs. D'une manière générale, Interphone renvoie des résultats étonnamment différents selon les pays.
Les auteurs expliquent cette large incertitude par les biais apparus dans l'étude, qui porte uniquement sur des déclarations. Ils reconnaissent que certains taux d'utilisation indiqués par les personnes interrogées leur paraissent « non plausibles ».
Tout comme les associations de consommateurs (notamment Priartém, focalisée sur ces questions), Elisabeth Cardis souligne que cette étude date des premières années de l'usage généralisé de la téléphonie mobile et que les utilisateurs d'aujourd'hui sont bien plus accros. Les jeunes, notamment, qui ne sont pas concernés par l'étude Interphone, sont devenus de gros consommateurs.
La conclusion est donc qu'il n'y a pas de conclusion, sauf, tout de même, que l'on n'a pas encore assisté à une explosion du nombre de cancers du cerveau et qu'il faut lancer d'autres études. C'est d'ailleurs déjà fait. L'étude Cosmos vient de commencer à suivre le parcours médical de 250.000 volontaires dans cinq pays européens (Danemark, Finlande, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède). Spécialement destinée aux jeunes (de 10 à 24 ans), l'étude Mobikids va suivre 2.000 personnes dans treize pays.
En attendant, les scientifiques recommandent les SMS et les oreillettesoreillettes...