Il ne s’agit pas de mode, mais de haute technologie. Pour ramener l’or des Jeux olympiques de Sotchi, certaines nations ne lésinent pas sur les moyens, les États-Unis en tête. Nouvelle preuve : la collaboration des patineurs de vitesse avec le fabricant d’avions de chasse Lockheed Martin pour créer une combinaison la plus aérodynamique possible.

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    Pourquoi les records sportifs sont-ils régulièrement battus ? Les progrès dans les techniques d'entraînement associés à des améliorations technologiques y contribuent fortement. L'exemple le plus criant est celui qui a touché le monde de la natation ces dernières années. Grâce à des combinaisons facilitant la flottaison, toutes les meilleures performances précédemment établies étaient sans cesse surpassées... au point que les instances internationales ont considéré que ces vêtements de bain innovants procuraient un avantage considérable et qu'ils devaient être bannis.

    D'autres disciplines sont concernées par ce genre d'avancées. Le cyclisme par exemple, avec des matériaux allégés ou le fameux plateau ovale prisé par l'équipe britannique Sky. Mais l'enjeu reste le même dans des sports moins populaires dans nos contrées, comme le patinage de vitessevitesse, qu'on a le plaisir de redécouvrir tous les quatre ans, à l'occasion des Jeux olympiques d’hiver. Cette année encore, il figure au calendrier des épreuves de Sotchi.

    Et si les premiers résultats ne parlent pas encore pour eux, les patineurs des États-Unis foulent la glace russe avec un avantage théorique sur leurs concurrents : une combinaison high-tech, conçue par l'équipementier Under Armour, avec l'aide du spécialiste américain des avions de chasse, Lockheed Martin. Les fabricants l'affirment : le gain de temps est incontestable...

    Une combinaison pour tutoyer le sommet de l’Olympe…

    Appelée Mach 39, cette tunique comporte encore de nombreux secrets autour de sa conception. Une centaine de textiles différents ont été testé en 250 combinaisons afin de découvrir le meilleur moyen de faire gagner de précieux dixièmes de seconde, dans des compétitions qui se jouent parfois avec des écarts de moins d'une seconde. Au final, cinq matériaux ont été retenus.

    Shani Davis est double champion olympique de patinage de vitesse, spécialiste du 1.000 et du 1.500 m. Il concourait aujourd’hui sur 500 m avec la fameuse combinaison… mais n’a pas remporté de médaille pour autant ! © Onnoweb, Flickr, cc by nd 2.0

    Shani Davis est double champion olympique de patinage de vitesse, spécialiste du 1.000 et du 1.500 m. Il concourait aujourd’hui sur 500 m avec la fameuse combinaison… mais n’a pas remporté de médaille pour autant ! © Onnoweb, Flickr, cc by nd 2.0

    En tout, six mannequins, placés dans des positions propres à la discipline, ont passé plus de 300 heures dans les souffleries normalement utilisées pour les avions de chasse afin de vérifier l'aérodynamisme. Celui-ci est facilité par la présence de nombreux microcreux au niveau de la capuche et des bras, évitant à l'airair rencontré de rebondir sur la combinaison et de venir frapper et freiner le corps un peu plus loin. Le principe limite ainsi les forces de frottement et permettant au patineur de mieux utiliser son énergieénergie.

    Ce n'est pas le seul progrès proposé par cette nouvelle tenue : le long de la colonne vertébralecolonne vertébrale, on trouve un conduit d'évacuation d'air, qui assure une meilleure circulation de l'air afin de diminuer les déperditions de chaleurchaleur et d'énergie, surtout lors des épreuves d'endurance.

    … mais qui doit encore faire ses preuves

    Les deux concepteurs sont formels : tous les tests placent leur combinaison au-dessus de ce qui existe actuellement. Mais les premiers résultats ne sont pas encore révélateurs... Deux épreuves de patinage de vitesse ont eu lieu le weekend dernier, et ce ne sont pas les États-uniens qui y ont brillé, mais les Néerlandais, décrochant quatre des six médailles distribuées, dont les deux en or. L'États-unienne la mieux placée figure à la 10e place seulement.

    Patrick Meek, spécialiste du 5.000 mètres, a contribué aux tests de la combinaison et se montrait enthousiaste avant la compétition. Ayant terminé la course 20e sur 26, avec plus de 22 secondes de retard sur le vainqueur Sven Kramer, le patineur n'a pas battu son record personnel, loin de là, puisqu'il est à plus de neuf secondes de son meilleur chrono sur la distance... S'il rejette la faute sur l'anneau de Sotchi, selon lui trop humide pour permettre de belles performances, il semble oublier que le champion olympique a pulvérisé de quatre secondes son propre record olympique, qu'il avait déjà battu voilà quatre ans, aux Jeux olympiques de Vancouver.

    Quant à la course du jour, le 500 m hommes, les États-uniens Shani Davis et Brian Hansen n'ont pas tenu leur rang. Figurant parmi les favoris, ils ne sont pas montés sur le podium, loin de là, malgré leur combinaison. Est-elle vraiment si miraculeuse ?